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28/11/2022 - Dernière mise à jour 20/04/2023

Méthode de la recherche scientifique

[temps de lecture : 7 minutes]

Le paradigme scientifique de type positiviste actuellement en vigueur remonte à la théorie galiléenne : selon cette méthode, le chercheur procède à la collecte de données par l’intermédiaire d’observations et d’essais, et sur ces bases il développe des hypothèses ainsi que des théories. En quelques mots, on peut affirmer que cette interprétation de la réalité est fondée sur des modèles susceptibles d’être améliorés et modifiés au fil de l’émergence de nouveaux faits et évènements.

Actuellement la réalisation d’une étude scientifique doit respecter les normes de la Bonne Pratique Clinique, (Good Clinical Practises, GCP) un standard international d’éthique et de qualité scientifique qui réglemente la conception, la conduite, l’enregistrement et la publication des études cliniques impliquant des sujets humains. Ces standards garantissent publiquement non seulement la tutelle des droits, de la sécurité et du bien-être des sujets qui participent à l’étude, en conformité avec les principes stables de la Déclaration d’Helsinki mais aussi la fiabilité des données relatives à l’étude. Les GCP ont été élaborées par l’International Council for Harmonisation (IHC) en 1996, adoptées par l’UE en 1996.

Une première révision sort en 2016 et une autre en 2022. La mise à jour des GCP de 2016, abrégée en ICH E6(R2), est née de la nécessité de répondre aux changements qui se produisent dans la conduite et la gestion des essais cliniques, afin de fournir des recommandations intégrées et valides dans un écosystème toujours plus numérique, au sein duquel les essais cliniques utilisent des types de conception de plus en plus complexes.

Avant de pouvoir lancer toute étude impliquant l’homme, il est nécessaire d’obtenir l’approbation du Comité Éthique. Ces structures disséminées sur le territoire sont des organismes indépendants ayant la responsabilité de fournir une garantie publique de la tutelle des droits, de la sécurité et du bien-être des sujets qui participent à un essai clinique, exprimant un avis éthique et scientifique.

En France, le CCNE (Comité consultatif national d’éthique) pour les sciences de la vie et de la santé vise à « fournir un éclairage utile aux décideurs et au débat public sur les enjeux éthiques »2 des progrès. Outre les comités d’éthique internationaux, le CCNE entretient un dialogue avec les espaces de réflexion éthique régionaux étant au nombre de quinze. Tout type de profession s’y trouve afin d’enrichir la réflexion du CCNE et les membres sont sélectionnés pour leur intérêts quant aux questions éthiques ou leurs compétences. Par ailleurs, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) demeure « l’autorité compétente pour évaluer et approuver un essai clinique (étude de catégorie 1) »3 . Une recherche de catégorie 1 comprend des risques non négligeables pour les volontaires sains ainsi que les patients y participant. Nous préciserons que son approbation n’est pas nécessaire pour des essais de catégorie 2 (risques et contraintes minimes) et 3 (toutes les recherches observationnelles comme la comparaison de pratiques entre deux soins, un questionnaire de qualité de vie…) mais elle doit tout de même en être informée avant le commencement de l’étude.

En revanche, depuis 2005 quiconque entend réaliser un essai clinique d’un médicament est tenu d’inscrire l’étude dans un des registres officiels disponibles online. Il s’agit d’une opération indispensable à la transparence ainsi qu’à la réduction du biais de publication. En effet, il est important d’être informé de l’existence d’études qui ont été lancées puis suspendues ou bien dont les résultats n’ont pas été publiés parce qu’ils n’ont pas été jugés « positifs », etc. L’absence de publication peut en effet traduire non seulement une perte d’informations pour la communauté scientifique mais aussi une répétition ultérieure de la même étude, comportant un gaspillage de ressources au même titre qu’une implication inutile des patients dans les expérimentations.

L’enregistrement doit être fait à une date antérieure à celle du recrutement du premier participant de l’étude et, permet d’obtenir un code unique utilisé pour identifier l’étude et reporté sur la revue publiant l’étude. Il faut néanmoins souligner qu’à ce jour toutes les revues n’exigent pas le code d’identification et que toutes les études ne relèvent pas de celles de type interventionniste soumises à cette obligation.

L’OMS a introduit une Plateforme pour l’enregistrement des expériences cliniques (International Clinical Trials Registry Platform : ICTRP) dans le but de garantir que tous ceux impliqués dans les décisions de soin médicaux puissent accéder à une vision complète des recherches. Une page du site établit la liste des principaux registres où les études peuvent être inscrites. Par exemple en Europe, le site de l’EU Clinical Trials Register (EudraCT) conserve le registre des essais cliniques et met à disposition une page permettant la recherche par protocole et résultat. Il ne faut pas non plus oublier la plateforme clinicaltrials.gouv, mise à disposition par la Bibliothèque nationale de médecine américaine. Il s’agit d’une banque de données au sein de laquelle il est possible d’enregistrer les essais cliniques conduits avec des fonds publics et privés dans le monde entier (plus de 380 000 études au sein de 220 pays).

Une fois qu’il a rempli ses obligations éthiques et bureaucratiques, le chercheur désirant effectuer une étude doit avant toute chose établir si la question de recherche concerne les données numériques et statistiques ou bien les données descriptives probablement liées aux motivations et comportements des personnes. Les enquêtes de la science sont effectivement définies comme des études quantitatives, qui cherchent à établir un lien de causalité entre une intervention (par exemple un médicament) et une issue (le soulagement d’une douleur chez un patient) ou des études qualitatives basées sur des paradigmes interprétativistes qui proposent de comprendre la réalité et non de l’expliquer en la mesurant.

Il existe également des méthodes mixtes qui proposent l’utilisation intégrée de méthodes qualitatives quantitatives pour comprendre les aspects plus complexes et multidimensionnels de la pratique clinique.

D’une manière générale, le déroulement d’une étude scientifique peut s’articuler en trois phases :

  • Choix de la conception de la recherche: une phase dans laquelle la question de recherche est identifiée, les hypothèses se formulent et l’organisation pratique se planifie. La rédaction du protocole est essentielle à cet égard, où de nombreux paramètres devront être énoncés dont le titre de l’étude, l’objectif primaire, la dimension de la population et tout autre détail requis pour le type d’étude sélectionné. Dans le but de procéder à une rédaction de protocole conforme aux règles acceptées par la communauté scientifique, le chercheur peut faire appel aux différentes recommandations dictant les éléments à insérer, différents pour les diverses études. A titre uniquement indicatif, on cite ici les recommandations SPIRIT, contenant les lignes directrices pour définir les éléments standards de protocole des essais cliniques et les PRISMA-P à utiliser pour la rédaction de protocoles pour les revues systématiques.
  • Récolte et analyse des données: les procédures pour la recherche quantitative et qualitative sont différentes. En réalité, dans le premier cas, on part d’une population représentative de la population alors que dans le second il est crucial de comprendre les particularités distinguant chaque participant. Les données récoltées sont définies de type soft quand il s’agit d’informations subjectives et, complexes ou de type hard quand elles sont standardisées et adaptées à l’analyse par instruments mathématiques.
  • Interprétation/présentation des résultats: les résultats reflètent aussi les différences structurelles entre les deux approches. La recherche quantitative soumet les données à l’analyse statistique dans la tentative de construction de corrélation et de rapports de causalité entre les variables. A l’inverse, la recherche qualitative rapporte généralement des récits ou citations pour illustrer les pensées des sujets étudiés.

Lors de la réalisation d’études utilisant la méthode scientifique, l’une des principales préoccupations des chercheurs est de minimiser le risque d’erreurs. Il s’agit d’une question extrêmement importante, qui est à l’origine de l’élaboration de méthodologies toujours plus scrupuleuses et rigoureuses qu’il faut suivre pour ne pas commettre d’erreurs.

Les erreurs peuvent être relativement banales et ingénues, comme celles induisant une corrélation aléatoire avec la causalité : si, par exemple, une analyse statistique montre une corrélation positive entre l’exercice et le cancer de la peau, cela ne signifie pas que la gymnastique provoque des tumeurs, mais qu’il y a probablement un troisième facteur (peut-être l’exposition accrue au soleil) qui n’a pas été pris en compte.

Toutefois, il existe d’autres facteurs qui génèrent l’imprécision dans une étude expérimentale. Il s’agit de sources d’erreur qui doivent être détectées et définies pour pouvoir les gérer. Parmi elles on peut compter lesdits biais, autrement dit les erreurs systématiques ou déviations (distorsions) issues de la réalité, dans les résultats ou dans l’interférence.

Dernièrement, il convient de tenir dûment compte des effets placebo et nocebo, qui sont objectivement difficiles à mesurer et peuvent influer sur l’issue d’une étude. Le placebo est une réponse qui s’active à travers des mécanismes liés aux attentes et au conditionnement, et grâce à laquelle le patient obtient des bénéfices parfois comparables à ceux d’un médicament même sans l’avoir réellement pris. L’effet nocebo, étudié en des temps plus récents, se réfère quant à lui à la hausse de la douleur perçue par un patient à qui on communique des suggestions orales indiquant le risque d’aggravation3.

Bibliographie

  1. Ministero della Sanità. Decreto 15 luglio 1997. Recepimento delle linee guida dell’UE di buona pratica clinica per l’esecuzione delle sperimentazioni cliniche dei medicinali. Gazzetta Ufficiale della Repubblica Italiana – Serie generale18 agosto 1997; 191.
  2. https://www.ccne-ethique.fr/qui-sommes-nous
  3. https://ansm.sante.fr/qui-sommes-nous/nos-missions/faciliter-lacces-a-linnovation-therapeutique/p/encadrer-les-essais-cliniques
  4. Müller AR, Brands MMMG, van de Ven PM, Roes KCB, Cornel MC, van Karnebeek CDM, Wijburg FA, Daams JG, Boot E, van Eeghen AM. Systematic Review of N-of-1 Studies in Rare Genetic Neurodevelopmental Disorders: The Power of 1. Neurology. 2021 Mar 16;96(11):529.
  5. Benedetti F. Effetti placebo e nocebo: dalla fisiologia alla clinica. Trad. it. di Frisaldi E. Roma: Fioriti, 2015.
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