Revue systématique et méta-analyse

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Revues systématiques

La prolifération exponentielle du nombre de recherches publiées sur les revues indexées force les universitaires à concevoir des méthodes pour résumer les informations en produisant des articles de synthèse.

Parmi les études de synthèse, lesdites revues systématiques revêtent une importance particulière, grâce à la rigueur des critères méthodologiques qui les distinguent.

On attribue à l’Archie Cochrane (1909-1998) l’élaboration du concept de revue systématique, un épidémiologiste  britannique spécialisé dans le traitement de la tuberculose.
Réfléchissant au fait que les  ressources en santé publique sont limitées et le resteront toujours, il estime nécessaire de veiller à ce que les services fournis soient soigneusement évalués et que leur efficacité soit démontrée.

S’appuyant sur ces réflexions, en 1993 on fonde la Cochrane Collaboration, une communauté internationale présente dans 45 pays regroupant plus de dix-mille personnes organisées en groupes interdisciplinaires. Chaque année la Cochrane publie plus de deux-cents revues systématiques, produites en respectant les recommandations rigoureuses, et les met à disposition dans la base de données CDSR ayant pour objectif de promouvoir une prise de décisions en matière de santé fondées sur des données probantes. La Cochrane offre aussi plusieurs autres ressources dont les cours de formation, documents et manuels pour la réalisation d’audits.

Une revue systématique fiable peut être menée seulement en se conformant aux critères rigoureux, qui imposent aux chercheurs la considération de nombreux aspects qui ne sont cités ici qu’à titre d’exemple :

• Fixer des objectifs clairs et identifier ainsi les critères d’éligibilité qui doivent être respectés par les études qui seront incluses dans la révision;
• Adopter une méthodologie rigoureuse et reproductible;
• Effectuer une recherche précise de la « matière brute » disponible – soit recueillir en mode « systématique » toutes les études publiées sur le sujet en considérant non seulement la littérature blanche mais aussi celle grise et d’autres sources;
• Évaluer de façon critique la validité des résultats présentés dans les études prises en considération notamment en ce qui concerne les risques de biais;
• Présenter une synthèse ainsi qu’une interprétation conformes aux recommandations pour la rédaction de ce type d’étude, par exemple PRISMA.

Les revues systématiques peuvent aussi être utiles aux fins d’une enquête bibliographique, à partir du moment où les chercheurs ont déjà effectué le travail de recherche, évalué les études et exclu celles non éligibles – ils apportent ainsi des informations « épurées ».

Les revues systématiques sont un instrument très puissant, néanmoins elles sont particulièrement sujettes à quelques biais, notamment:

• Le biais de publication c’est-à-dire la possibilité que les résultats d’études avec des résultats « négatifs » ne soient pas communiqués à la communauté scientifique et qu’il soit donc impossible de les trouver lors de la recherche systématique initiale de sources dans la littérature,
• Le biais de sélection, à partir du moment où l’inclusion ou exclusion d’une étude peut avoir une incidence lourde sur l’issue de la méta-analyse.

D’autres faiblesses sont l’hétérogénéité des études qui peuvent rendre la comparaison des outcomes problématique et la nécessité de les mettre à jour dans le cas où de nouvelles études sur le sujet seraient publiées.

Méta-analyse

Quand les données des études prises en compte sont comparables avec les méthodes d’analyse statistique, alors les chercheurs peuvent effectuer une méta-analyse. Ce type de procédure permet de cumuler les résultats obtenus dans les seules études individuelles, avec l’avantage d’obtenir un cadre sommaire sur le sujet appréhendé, basé sur un échantillon plus grand et donc avec une plus grande puissance.

Par exemple, il serait possible d’éviter des dizaines de milliers de décès dus au syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN ; SIDS, sudden infant death syndrom en anglais) s’il était possible en 1970 d’effectuer une méta-analyse pour cumuler les résultats relatifs aux études alors déjà disponibles quant aux positions dans lesquelles placer les bébés pour dormir. En revanche, cette opération est conduite au début des années ’90. La campagne Back to sleep (désormais Safe to Sleep®) afin de réduire le risque de SMSN est lancée en 1994 aux USA.

Les résultats de la méta-analyse sont visualisés dans ledit graphique en forêt, qui offre en un coup d’œil de nombreuses informations. La pastille en bas indique si les preuves sont favorables ou non à l’intervention examinée. Les études individuelles sont représentées par un carré dont la taille indique la dimension de l’effet et les moustaches latérales sont proportionnelles à l’incertitude (elles correspondent à l’intervalle de confiance). La ligne perpendiculaire qui divise le graphique en deux zones indique un effet nul. Quand la ligne d’une étude touche ou traverse la ligne perpendiculaire de « l’absence d’effet », conventionnellement on ne peut pas considérer le résultat comme statistiquement significatif.

Revues systématiques et méta-analyse dans la recherche ostéopathique

Dans le domaine ostéopathique on réalise de nombreuses revues systématiques, dont beaucoup avec une méta-analyse relative (une recherche lancée sur PubMed en juillet 2021 avec le mot-clé « osteopathic manipulative treatment » en activant le filtre pour visualiser seulement les revues systématiques et les méta-analyses, a restitué plus de 50 résultats).

Pour des approfondissements complémentaires, on vous renvoie aux pages de Osteopedia sur les critiques des articles et à l’ouvrage de Francesco Cerritelli et Diego Lanaro².

Bibliographie

1. Gilbert R, Salanti G, Harden M, See S. Infant sleeping position and the sudden infant death syndrome: systematic review of observational studies and historical review of recommendations from 1940 to 2002. Int J Epidemiol. 2005 Aug;34(4):874-87.
2. Cerritelli F, Lanaro D. Elementi di ricerca in osteopatia e terapie manuali. Napoli: Edises, 2018.