Maiwen Habchi
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03/01/2024 - Dernière mise à jour 26/01/2024
Jennifer A. Belsky, Kimberly Wolf, Bhuvana A. Setty | Année 2020
Un cas de constipation induite par la vincristine résolu par la médecine ostéopathique chez un patient atteint de fibrosarcome infantile
Pathologie:
Constipation
Type d'étude:
Étude de cas
Date de publication de la recherche:
01-10-2020
But de l'étude
- Objectif : démontrer l’utilité de l’OMT chez un patient pédiatrique atteint de fibrosarcome infantile et souffrant de constipation de degré 2 provoquée par la chimiothérapie
- Critères d’évaluation mesurés : évaluation de la défécation et des dysfonctionnements somatiques
Intervenants
- Nombre : 1
- Description : enfant, née à 40 semaines et 2 jours. Mère de 31 ans, suivie dès le premier trimestre. La grossesse et l’accouchement se sont bien déroulés. Les signes vitaux, l’indice d’Apgar, la respiration et l’alimentation par voie orale sont normaux. À la naissance, une masse sur la partie droite du visage surgit ; cette masse faciale s’accorde avec le diagnostic de fibrosarcome infantile. La chimiothérapie (vincristine, dactinomycine et cyclophosphamide) débute donc en cycles de 4 semaines à l’âge de 6 semaines.
Tout au long du premier cycle, l’enfant reçoit du lactulose pendant 24 heures après la vincristine pour réguler l’activité intestinale. Sept jours après le deuxième cycle, l’enfant est hospitalisée pour fièvre et distension abdominale, étant des symptômes dues à une pneumatose du côlon. Elle est traitée par antibiotiques et une alimentation parentérale complète ; 9 jours plus tard, elle sort de l’hôpital.
Elle commence à prendre du lactulose pendant 48 heures après la vinctristine mais au sixième cycle de chimiothérapie, la défécation devient de plus en plus difficile sans lactulose : les selles sont très dures et il faut qu’elle prenne du lactulose plusieurs fois par semaine après la chimiothérapie.
Pour la constipation, on n’a pas recours à d’autres thérapies (médicamenteuses et hors-médicamenteuses).
À sept mois, l’enfant bénéficie d’un examen structurel ostéopathique par deux médecins ostoéopathes spécialisés en pédiatrie, qui relève des dysfonctionnements somatiques au niveau du condyle droite, du diaphragme, de la musculature paraspinale droite attenante à la jonction thoracolombaire, de la paroi abdominale dans le quadrant inférieur gauche, du ganglion mésentérique inférieur et de l’articulation sacro-iliaque. De plus, la présence de selles dans le colon est palpable au toucher.
Interventions et évaluations
- Évaluation de la défécation et des dysfonctionnements somatiques
- 4 séances hebdomadaires d’OMT de 10 minutes
- OMT :
- relâchement myofascial pour les zones abdominales (mésentère et côlon) et thoraciques ;
- équilibration des tensions ligamentaires pour le dysfonctionnement iliaque ;
- décompression condylienne pour le dysfonctionnement occipital
- Les techniques de relâchement mésentérique et de stimulation du péristaltisme intestinal sont enseignées aux parents afin qu’ils puissent les réaliser au quotidien pendant 5 minutes, matin et soir
- La chimiothérapie et le régime alimentaire ne changent pas
Résultats
Au bout d’une semaine d’OMT, les doses de lactulose hebdomadaires passent de 10 à 6 et les selles sont moins dures, et la défécation a lieu sans effort. Après la deuxième semaine, les doses de lactulose descendent à 4. La troisième semaine, l’enfant parvient à déféquer sans recours au lactulose.
Au cours de ces semaines, l’examen ostéopathique révèle une amélioration continue des dysfonctionnements présents et surtout, après la quatrième semaine, il n’y a plus de résidu fécal dans le côlon. Il y a encore quelques restrictions faciales dans l’abdomen.
Les parents continuent de reproduire les manipulations enseignées chez eux et sans effet secondaire.
Commentaires
La constipation générée par la chimiothérapie peut provenir d’altérations dans les terminaisons nerveuses au niveau du système intestinal, puisque la complexité d’une constipation peut dériver de plusieurs facteurs (ex : habitudes, consommation de médicaments). De ce fait, il faut considérer toutes les causes neurologiques, circulatoires et biomécaniques pouvant influencer les dysfonctionnements intestinaux.
Pour cette raison, on traite par exemple le crâne : l’innervation extrinsèque du côlon dérive effectivement du nerf vague, qui émerge du formen jugulaire dans l’articulation atlanto-occipitale. D’autre part, l’innervation parasympathique du côlon distal et du rectum provient des neurones préganglionnaires de S2-4, tandis que l’innervation sympathique provient du côlon de la jonction thoraco-lombaire.
Par ailleurs, les restrictions faciales du mésenter et des diaphragmes thoracique et pelvien, peuvent jouer un rôle crucial dans la baisse de la motilité gastro-intestinale, sans compter le changement de la circulation d’oxygène, de nutriments et de sang artériel. Ainsi, la résolution de ces restrictions devient indispensable et favorise le drainage lymphatique et veineux.
Les thérapies non médicamenteuses pour la constipation sont essentielles au sein des populations aux conditions fragiles et à risque d’infection ou de complication telles que les patients pédiatriques oncologiques. Néanmoins, certains remèdes classiques comme l’activité physique, la consommation de fibres, l’augmentation d’apport en eau et l’élimination des médicaments pouvant générer de la constipation ne sont pas toujours réalisables. Par conséquent, une thérapie comme l’OMT peut devenir un instrument important supplémentaire, notamment au vu de sa simplicité, de son caractère non invasif et de sa bonne tolérance.
Cette étude est évidemment limitée car il s’agit d’une étude de cas mais aussi parce qu’il n’y a pas de justification liant la pathophysiologie de la constipation induite par la chimiothérapie à l’efficacité de l’OMT. De plus, cette étude est difficilement généralisable chez les patients qui prennent des médicaments autres que la vincristine, reconnue pour ses effets collatéraux lors de la défécation.
Donc il faut davantage d’études prospectives en vue de mieux analyser la sûreté et la faisabilité de l’OMT pour ce cas précis chez les patients oncologiques pédiatriques.
La critique Osteopedia
Par Marco Chiera
Forces : bonne description des dysfonctionnements somatiques trouvées avec description annexe des techniques utilisées pour les traiter ; dans la discussion, bonne tentative de justifier le choix des techniques d’OMT utilisées ; bonne analyse des limites de l’étude.
Limites: comme toute étude de cas, celle-ci est difficilement généralisable ; il aurait mieux valu indiquer une courte description de la manière dont les selles ont été évaluées (ceux qui la connaissent, sauront que la Bristol Stool Chart a été utilisée, mais ceci n’est pas évident).
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