Maiwen Habchi
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26/09/2023 - Dernière mise à jour 13/10/2023

Karl Schranz, Daltrey Meitz, Bethany Powers, Adrienne Ables | Année 2020

Traiter le syndrome douloureux régional complexe en utilisant le counterstrain : une nouvelle approche

Pathologie:

Syndrome régional douloureux complexe

Type d'étude:

Étude de cas

Date de publication de la recherche:

14-10-2020

Image

But de l'étude

  • Objectif : démontrer l’utilité de l’OMT, notamment des techniques counterstrain, en cas de syndrome douloureux régional complexe avec restrictions myofasciales hypertoniques
  • Critères d’évaluation mesurés: évaluation des symptômes

Intervenants

  • Nombre : 1
  • Description : femme, 23 ans, avec douleur et engourdissement du pied et de la jambe droite suite à une opération de sésamoïdectomie plantaire pour des fractures qui ne guérissent pas. La douleur s’est intensifiée peu à peu au cours de l’an dernier.
    La douleur est décrite comme 6 sur 10 au repos et comme 10 sur 10 dans le pire des cas ; la douleur empire pendant les activités physiques prolongées ou des bas de contention. D’abord aigüe et lancinante, la douleur finit par augmenter et ressembler à une crampe musculaire procurant une intense sensation de pression localisée et de fatigue musculaire. Une neuropathie au pied ainsi qu’à la jambe accompagnée d’altérations annexes dans le ressenti de la température se développe ensuite. Une paresthésie se manifeste aussi au repos ou après contact avec des vêtements ou draps – ce qui a tendance à réveiller la patiente de son sommeil. Au bout de 9 mois, c’est le début de fortes douleurs et contractions dans les tendons fléchisseurs de la plante du pied droit – symptômes qui empêchent de dormir.
    La patiente tente la physiothérapie (2 fois par semaines pendant 4 mois), médicaments (gabapentin 100 mg 3 fois par jour) et tuteurs (4 mois) mais sans grand résultat. Au contraire, elle cesse de consommer des médicaments qui ont accentué les symptômes de départ. Suite à un diagnostic de syndrome douloureux complexe régional, la patiente commence la TENS (stimulation nerveuse transcutanée) 3 fois par jour ; ce qui la soulage un peu pendant quelques heures.
    Au moment de la visite, la patiente n’arrive pas à distinguer le chaud du froid et la jambe change sa qualité tissulaire passant de rouge à violette et de chaud à froid, sans compter les épisodes de gonflement. La paresthésie, qui est partie de l’hallux et s’est étendue à la jambe jusqu’au fessier, impliquant le nerf sciatique, engendre des déficits propriocepteurs qui rende la conduite difficile. Sa jambe est comme du plomb et son pied semblable à de la brique, le mouvement est devenu limité. Les zones très douloureuses présentent également un déficit de discrimination tactile.
    Pendant l’examen physique, la jambe droite est oedémateuse, froide au toucher et peu colorée. Le mollet et le quadriceps sont atrophiques avec réduction de ROM (range of motion). La démarche est déséquilibrée vers la jambe droite, ce qui aggrave la douleur. Rester assise génère une douleur radiculaire qui irradie le fessier jusqu’à l’incision chirurgicale réalisée dans le pied. Cette douleur est causée par une pression profonde du piriforme.
    On confirme ainsi le diagnostic de syndrome douloureux complexe régional avec syndrome secondaire de piriforme.

Interventions et évaluations

  • Évaluation des symptômes
  • 6 séances d’OMT
  • OMT : différentes techniques pour établir d’abord un équilibre du système nerveux autonome, puis traiter les symptômes
    • Inhibition du système nerveux orthosympathique par soulèvement des côtes puis stimulation parasympathique par libération sous-occipitale ; évaluation de la qualité tissulaire du pied jusqu’au creux poplité afin d’identifier la présence de tender point à traiter par counterstrain ; traitement du piriforme par counterstrain ; combinaison de pression profonde continue et counterstrain en s’ajustant au retour du patient pour l’allodynie de syndrome douloureux régional complexe.

Résultats

Le traitement du piriforme induit une résolution immédiate et durable des symptômes suivants : douleur au fessier, paresthésie et difficulté pour s’asseoir. Le traitement associé entre pression profonde et counterstrain engendre une série de contractions/clonies musculaires qui se fatiguent une fois réalisée la technique. À chaque séance les symptômes diminuent. À partir de la deuxième séance, on traite les points particulièrement douloureux, liés aux changements musculaires et neurologiques.
Après la troisième séance, on constate un maintien de l’amélioration de l’oedème, de la couleur de la jambe, de la discrimination de la température et de la proprioception.
À la fin des séances, la discrimination de la température est retrouvée sauf pour une petite zone autour de l’incision chirurgicale. La patiente peut à nouveau conduire sans problèmes, s’asseoir pendant de longs moments ou courir pendant plus de 45 minutes.

Commentaires

Une approche basée sur des techniques de counterstrain montre être capable de résoudre les symptômes de douleur et paresthésie liés à un syndrome douloureux régional complexe.

Il est très probable que suite à un traumatisme général et la chirurgie, l’inflammation post-opératoire et la circulation réduite induisent une hausse de la stimulation nociceptive, générant l’allodynie et l’hyperesthésie du patient ainsi qu’un déséquilibre du système nerveux autonome.

En conséquent, l’intervention ostéopathique vise avant tout à améliorer les symptômes, traitant les restrictions myofasciales hypertoniques. Ce qui peut avoir induit une meilleure circulation sanguine et lymphatique. Ainsi les déchets métaboliques, les substances inflammatoires et les neurotransmetteurs nocicepteurs ont été éliminés et de nouveaux nutriments hypnotiques, atténuant ainsi la douleur, l’oedème et le ROM. Un meilleur mouvement entraîne de meilleurs retour veineux et flux lymphatique, créant ainsi un circuit vertueux aidant à la guérison lors du parcours thérapeutique.

D’ailleurs, il faut rappeler que les restrictions myofasciales avec présence de myofibroblastes peuvent non seulement contribuer à l’hypoxie mais également au piégeage nerveux, favorisant ainsi la nociception et l’inflammation. De ce fait, une manipulation servant à relâcher ces régions restreintes peut faciliter la réduction de la charge électrique nociceptive.

Puisqu’en littérature, il n’y a pas beaucoup de données sur l’ostéopathie et le traitement de syndromes similaires complexes, il faut souligner que les processus évoqués ci-dessus ne sont que des hypothèses de l’auteur qui espère un élargissement de la recherche scientifique dans ces domaines en vue d’améliorer la connaissance de la physiopathologie de certains syndromes et d’étendre le potentiel thérapeutique.

La critique Osteopedia

Par Marco Chiera

Forces : premier cas qui reporte l’utilisation du counterstrain en cas de syndrome douloureux régional complexe ; bonne description des symptômes de la patiente et du traitement sur la base de ces symptômes et des résultats de la palpation ; discussion approfondie de la nature du syndrome douloureux régional complexe et bonne explication des effets possibles de l’ostéopathie d’un point de vue mécanique, lymphatique et neurologique.

Limites : comme toute étude de cas, celle-ci est difficilement généralisable ; il n’y a pas de follow-up pour contrôler si les symptômes sont revenus ou si la patiente est complètement guérie.

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