Maiwen Habchi
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31/08/2023 - Dernière mise à jour 15/09/2023

Yingzhi Li, Howe Liu, Charles Nichols, David C. Mason | Année 2022

Traitement de thérapie manuelle pour douleur au pénis – une étude de cas avec follow-up de 6 mois

Pathologie:

Prostatite et douleur pelvienne

Type d'étude:

Étude de cas

Date de publication de la recherche:

01-04-2022

Image

But de l'étude

  • Objectif : démontrer la gestion d’un cas de douleur au pénis via traitement manuel en mettant en évidence le raisonnement clinique diagnostique et thérapeutique
  • Critères d’évaluation mesurés : évaluation de la douleur, du ROM (range of motion) et du Barthel Index pour l’autonomie dans la réalisation des activités quotidiennes

Intervenants

  • Nombre : 1
  • Description : homme, 54 ans. Paysan, père de trois enfants, sans antécédent de maladies génétiques, ni fumeur ni consommateur d’alcool. Aucune opération, hospitalisation ou dysfonctionnements reproductifs-sexuels. Douleur pénienne aiguë et soudaine depuis 3 semaines, initialement vivable mais qui augmente jusqu’à une intensité de 9 sur 10 avec dysurie quotidienne après la première semaines. La douleur apparaît 4-5 fois par nuit pour durer 10 minutes et l’unique façon pour soulager la douleur est de s’agenouiller en avant en position foetale en maintenant le pénis d’une main.
    Face à des problèmes urinaires et intestinaux induits par la douleur, le patient est admis à l’hôpital deux semaines après l’apparition de la douleur : même s’il peut uriner ou évacuer, il éprouve beaucoup de douleur au pénis et la région génitale. Il n’y a pas d’altérations sensorielles au niveau anal ou fessier.
    L’examen médical ne relève pas de points douloureux au niveau du sacrum, ischiatique, rectal ou pubien. Alors que l’extension, la flexion latérale à droite et la rotation à droite du tronc exacerbe la douleur, la flexion l’allège légèrement. Les réflexes crémastériens et le test des dermatomes s’avèrent normaux ainsi que les examens sanguins et urinaires, les ultrasons abdominaux et l’IRM du pénis et scrotum. En revanche, au travers d’une radiographie, une scoliose lombaire avec convexité gauche et rotation droite apparaît.
    Par conséquence, le patient est diagnostiqué avec une douleur pénienne idiopathique lié au syndrome de douleur pelvienne chronique et traité avec ibuprofène et acupuncture pendant une semaine. Toutefois, cette thérapie procure un soulagement seulement pour quelques heures.
    Lors de la visite réalisée par les auteurs, le patient ne reporte pas de perte de poids au cours de l’année dernière ni d’autres types de douleur. Il a besoin d’aide pour s’asseoir sur le lit et montre une douleur de 4-5 sur 10 dans la position la plus confortable pour lui (allongé sur le côté droit en position foetale). Au contraire, dans d’autres positions la douleur est aiguë et brûlante à la base du pénis, supérieure au niveau du scrotum gauche par rapport à droite. La palpation des glandes lymphatiques on ne voit rien tandis qu’on relève un point de douleur au niveau du processus transverse gauche de L4 et une zone douloureuse et tendue vers le point médian du ligament inguinal gauche. Il n’est pas possible de relever le ROM à cause de la douleur ; toutefois, le Barthel Index pour l’évaluation de l’autonomie dans la réalisation des activités quotidiennes présente un score de 50 sur 100.
    En évaluant attentivement tous les symptômes, la cause la plus probable peut résider dans les nerfs – nerf pudendal, génito-fémoral et ilio-inguinal – qui innervent le pénis et le scrotum, et peut consister en une compression du nerf ilio-inguinal notamment.

Interventions et évaluations

  • Évaluation de la douleur, du ROM et de la sensibilité avant et après séance de thérapie
  • Évaluation du Barthel Index à l’admission et la sortie
  • Palpation tissulaire de glandes lymphatiques, musculaires et voies nerveuses avant et après séance de thérapie
  • 4 séances quotidiennes de thérapie manuelle
  • Thérapie manuelle:
    • réduire la tension lombaire au niveau L4 avec des techniques de stretching articulaire ligamenteuse ;
    • manipulation HBVA au niveau des segments média-lombaires ;
    • techniques de strain and counterstain et de mobilisation des tissus mous au niveau de la zone tissulaire sensible au canal inguinal gauche

Résultats

Après la séance, le patient ressent une douleur réduite à 3-4 sur 10 et est capable de descendre de son lit et marcher lentement en dehors du cabinet. Après 4 semaines de traitement, les symptômes disparaissent complètement.

Tandis qu’une nouvelle radiographie continue de montrer que la scoliose lombaire, les zones douloureuses au niveau de L4 et du canal inguinal se rétablissent. De la même façon, les problèmes urinaires et intestinaux disparaissent avec la douleur alors que le ROM a récupéré et le Barthel Index présente un score de 95 sur 100. Après 5 jours, le patient quitte l’hôpital avec comme recommandation d’exécuter une série d’exercices à la maison dont la respiration profonde, stretching, la stabilisation du core, Taiji et éducation mécanique pour réaliser de la meilleure façon possible son travail d’agriculteur.

Six mois après sa sortie, le patient dit ne plus présenter de symptômes et avoir pu retravailler normalement.

Commentaires

Pour traiter le patient, il est nécessaire de comprendre la cause de la douleur qui implique d’évaluer attentivement tous les examens dont on dispose.

Une fois le nerf ilio-inguinal identifié comme principale cause, les techniques articulaires permettent le relâchement des tissus myofasciaux de la région lombaire, libérant l’espace entre le psoas supérieur et les processus transverses lombaires. Les techniques de strain and counterstrain et sur les tissus mous réduisent la tension musculaire abdominale et relâchent les zones où les nerfs ilii-inguinaux et ilii-gastriques passent par le transverse abdominal et le muscle oblique interne près du canal inguinal gauche.

Naturellement, on ne peut pas exclure avec certitude l’implication d’autres structures. Cependant, ce cas démontre comment un examen approfondi de l’antécédent du patient et de son état actuel accompagnés d’un processus diagnostique fondé sur l’anatomie peuvent aboutir à une thérapie réussie.

Ainsi, la thérapie manuelle peut être un instrument valide lorsqu’on rencontre des cas similaires avec des symptômes véritablement liés à l’anatomie, même s’il faut d’autres études plus approfondies pour mieux comprendre l’effet exact de la thérapie manuelle.

La critique Osteopedia

Par Marco Chiera

Forces: description précise du patient et surtout du raisonnement clinique qui débouche sur un diagnostic et donc une intervention ; les tableaux et images anatomiques reportés comme support sont utiles ; bonne description de l’intervention ; follow-up à 6 mois ; le programme éducatif communiqué au patient pour gérer sa condition est intéressant et crucial.

Limites: comme toute étude de cas, celle-ci est difficilement généralisable. Bien que la connaissance de l’anatomie soit fondamentale et utile en cas de douleur sévère et soudaine comme celle présentée dans l’étude, on doit éviter une dérive purement structurelle de la douleur. Car aujourd’hui nous savons que la douleur est une réponse complexe élaborée par l’organisme pour envoyer des signaux quant à un danger à haut risque mais dont la provenance diffère (physique, chimique, biochimique, psychologique, social et environnemental)

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