Maiwen Habchi
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31/08/2023 - Dernière mise à jour 14/09/2023
Tamara M. McReynolds, Barry J. Sheridan | Année 2005
L’injection intramusculaire de Kétorolac vs OMT pour la gestion d’une douleur aiguë au cou dans un département des urgences : un essai contrôlé randomisé
Pathologie:
Cervicalgie (douleur aux cervicales et torticolis)
Type d'étude:
Essai contrôlé randomisé
Date de publication de la recherche:
01-02-2005
But de l'étude
- Objectif : déterminer les effets du traitement manipulateur ostéopathique (OMT) en cas de douleur aiguë au cou dans le département des urgences et les comparer avec l’efficacité de l’injection intramusculaire de Kétorolac
- Critères d’évaluation mesurés :
- Principal : évaluation de l’intensité de la douleur via NRS-11 (Numeric Rating Scale-11)
- Secondaires : évaluation du ressenti de soulagement quant à la douleur via PRS-5 (Pain Relief Scale)
Intervenants
- Nombre : 58 personnes (32 femmes et 26 hommes)
- Critères d’inclusion : âge compris entre 18 et 50 ans, patients qui se sont présentés aux urgences quand l’un des trois médecins ostéopathes ayant participé à l’étude était présent ; douleur musculosquelettique au cou aigüe (durée inférieur à 3 semaines).
- Critères d’exclusion (évalués via examen physique, antécédent, analyse de laboratoire) : ulcère hémorragique ou ulcère peptique ; anormalités osseuses ; souffle carotidien ; évènements cérébrovasculaires; coagulopathie et saignements ; consommation abusive de médicaments ; actions en justice pour recevoir une compensation pour dommages ; hypersensibilité aux médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens ou à l’aspirine ; infections à la moelle épinière ; inflammation aux articulations ; femmes enceintes ou en phase d’allaitement ; instabilité ligamentaire ; opération au cou ; déficits neurologiques ; ostéomalacie ou ostéoporose ; troubles psychiatriques ; radicolopathie ; contrindications radiographiques à l’OMT (évaluées en cas de trauma : arthrites inflammatoires actives dont spondylarthrite ankylosante et arthrite rhumatoïde; anomalie congénitales ; sténose du canal rachidien antéropostérieur supérieure à 11 mm ; maladies osseuses dont la discite, l’ostéomyélite et la tuberculose ; fractures aiguës ou non guéries; désalignements importants supérieurs à 3 mm de translocation ou de 11% de l’angle de la cyphose ; maladies néoplasiques dans la zone cervicale ; ossification du ligament longitudinal postérieur ; ostéoporose sévère ; maladie de Paget ou arthrite sceptique) ; insuffisance rénale; métastases squelettiques ; spondylolisthésis ; fièvre supérieure à 37,8°C ; traumatisme important avec blessures graves, implication de l’alcool ou d’autres facteurs ayant empêché un examen fiable ; insuffisance vertébrobasilaifre ; avoir reçu des traitements pour ledit cas de douleur via corticostéroïdes (usage prolongé), injection intramusculaire de kétorolac, lithium ou manipulations.
- Groupes d’étude : 2 groupes obtenus par randomisation
- Groupe 1: OMT, 29 personnes (18 femmes et 11 hommes)
- Groupe 2: kétorolac, 29 personnes (14 femmes et 15 hommes)
Interventions et évaluations
- Évaluation avant et une heure après le traitement de l’intensité de la douleur par NRS-11.
- Évaluation une heure après le traitement du ressenti de soulagement de la douleur par PRS-5.
- Examen structurel initial de la zone cervicale pour évaluer les changements tissulaires, restrictions dans les articulations et zones de douleur, et évaluation du range of motion de la tête et du cou pour relever les dysfonctionnements somatiques.
- 1 séance d’OMT d’une durée de moins de 5 minutes.
- OMT : treatment personnalisé basé sur des techniques HBVA, techniques sur les tissus mous et myotensives.
Kétorolac : 1 dose de 30 mg par voie intramusculaire. - OMT réalisé par trois médecins ostéopathes spécialisés dans la gestion des urgences.
Résultats
- Critères d’évaluation principaux : chaque groupe assiste à une diminution de la douleur cliniquement significative mais le groupe OMT présente un plus grand changement par rapport au groupe kérotolac de façon statistiquement significative.
- Critères d’évaluation secondaires : on ne trouve pas de différences statistiquement significatives entre les deux groupes en ce qui concerne le ressenti d’un soulagement de la douleur même si un nombre de personnes légèrement plus élevé dans le groupe OMT reporte un plus fort soulagement.
- Analyses ultérieures : 58 % des participants manifestent une douleur au cou suite à un accident de la route.
Entre les deux groupes, 18 participants reportent avoir consommé des anti-inflammatoires non stéroïdiens : la douleur chute de manière cliniquement significative pour tout le monde mais sans différence entre les deux groupes. De la même manière, on ne trouve pas de différences en lien avec la perception d’un soulagement de la douleur. Pour les 40 participants restants, le groupe OMT montre une réduction de la douleur plus importante par rapport au groupe kétorolac de manière statistiquement significative.
Au sein des participants qui ont déjà bénéficié de l’OMT par le passé (5 dans le groupe kérotolac et 3 dans le groupe OMT), l’OMT réduit principalement la douleur du kérotolac de façon statistiquement significative. De plus, les participants du groupe OMT disent se sentir plus soulagés comparés au groupe kétorolac. Pour les 48 participants restants, on ne trouve pas de différences (même si le groupe OMT montre une plus forte réduction de la douleur).
Les résultats des deux échelles NRS-11 et PR-5 une heure après le traitement sont corrélés de manière statistiquement significative. - Effets adverses : dans le groupe kétorolac, 8 participants communiquent un ou plusieurs effets secondaires (engourdissement du bras, mauvais goût en bouche, vertiges, somnolence, dispepsie, tachycardie, tête légère, nausée ou vomissement).
Dans le groupe OMT, un patient dit avoir ressenti une sorte d’effet étrange dans le bras à la suite de la manipulation, sans perdre pour autant sa force, ses sensations ou réflexes tendineux normaux.
Commentaires
L’OMT montre à la hauteur si ce n’est plus de l’injection intramusculaire de kérotolac quant à la réduction de l’intensité de la douleur musculosquelettique aiguë au cou, ajoutant une efficacité significative d’un point de vue clinique. Au niveau de la perception de soulagement, l’OMT est équivalente au kétorolac.
Le fait que les participants ayant bénéficié de l’OMT par le passé montrent une amélioration plus importante par rapport aux autres peut résulter d’anticipations positives de l’OMT par rapport aux précédents résultats favorables.
Même s’ils n’ont pas de répercussions sur l’évaluation de la disparition de la douleur, il est intéressant de noter que la consommation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens semble influencer l’efficacité de l’OMT. Globalement, l’OMT semble favoriser une meilleure réduction de la douleur chez ceux qui n’ont pas pris de médicaments. Il faudra très certainement d’autres études pour approfondir cette piste.
Tandis qu’un participant sur quatre dans le groupe kérotolac reporte des effets adverses, seul un participant ayant bénéficié de l’OMT dénote des effets adverses. Au même titre que l’efficacité dans la disparition de la douleur, ce résultat est en adéquation avec la littérature scientifique ; toutefois, d’autres études plus rigoureuses et larges sont nécessaires en portant une attention particulière sur les effets secondaires car beaucoup d’études ne les considèrent pas comme étant convenables. Et une connaissance quant aux facteurs à risques éventuels pouvant faciliter l’apparition d’effets adverses en cas d’OMT fait défaut.
Malgré les résultats, on trouve des limites dont l’absence d’aveuglement des participants au traitement dans la conduite de l’étude, l’absence d’un traitement sham pour l’OMT, l’utilisation de sujets de douleur, le fait de pas avoir calculé le taux de refus (nombre de personnes ayant refusé de participer) et l’absence de follow-up. En effet, ces évènements pourraient avoir induit des résultats plus importants que ceux réels, faisant naître des anticipations positives ou bien incluant surtout les personnes souhaitant recevoir l’OMT ou le kétorolac. De plus, il est aussi possible que la dose de kétorolac ne soit pas adaptée à tous les participants.
La critique Osteopedia
Par Marco Chiera
Forces : calcul de la taille d’échantillon (nombre de personnes recrutées) ; évaluation de la significativité clinique ; description précise des critères d’inclusion/exclusion et de l’évaluation ; les sous-analyses basées sur ceux qui ont consommé des médicaments ou ont bénéficié de manipulations sont intéressantes car elles peuvent orienter de futures études. évaluation des effets adverses ; discussion sur les résultats en lien avec l’efficacité et les effets adverse intéressante ; analyse des limites de l’étude intéressante.
Limites : en dehors de ceux reportés par les auteurs, il faudrait penser que les critères d’exclusion – bien que très utiles pour contourner l’influence de facteurs amenant à la confusion dus aux pathologies ou conditions – risquent d’empêcher la généralisation du résultat ou restreindre à une partie de la population qui se rend aux urgences. Il faudrait mieux présenter dans la section Matériels et méthodes les sous-analyses réalisées et décrire comment les effets adverses ont été relevés.
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