Efficacité de la fasciathérapie viscérale vers outcomes liés aux troubles fonctionnels viscéraux : révision systématique des essais contrôlés randomisés

Méthodes

• Articles analysés: 11
• Mots-clés: “osteopathic manipulation” OR “osteopathic manipulative treatment” OR “osteopathic manipulative treatments” OR “visceral manipulation” OR “visceral manual therapy” OR “visceral osteopathy” OR “osteopathic visceral manipulation AND “randomized clinical trials” OR “RCT”
• Critères d’inclusion: âge > 16 ans, toute pathologie ou condition liée au système viscéral, n’importe quelle durée, n’importe quel outcome lié au système viscéral avec description des mesures fonctionnelles, des textes ou des échelles d’évaluation; études contrôlés randomisés; toute technique incluse dans la Fasciathérapie destinée aux viscères
• Critères d’exclusion: essais cliniques non-randomisés, étude pilote, études cross-sectional, étude de cas, case report, études sur les animaux, notes techniques, études de faisabilité, tolérance ou sécurité, études sans nouvelles données scientifiques, revues systématiques, études sans contrôle

Caractéristiques des études

• 10 ECR
• 1 ECR avec dessin cross-over rapports de cas
• Évaluation de la qualité des études via RoB (Risk of bras in randomized trials)
  • bonne partie des études considérée à risque de biais élevé

Intervenants

• Nombre dans la plus petite étude: 22 personnes
• Nombre dans la plus grande étude: 94 personnes
• Total: 490 personnes, 261 dans le groupe Fasciathérapie et 229 dans le groupe témoin (âge 18-80 ans)

Interventions et évaluations

• Évaluation de chaque outcome relatif au système viscéral
• Fasciathérapie destinée aux viscères: variable selon l’étude

Résultats

• Critères d’évaluation principaux:
  • Troubles gastro-intestinaux : la Fasciathérapie réduit de façon significative les problèmes comme la diarrhée, distension abdominale, douleur abdominale en cas de syndrome du colon irritable (sans pour autant montrer les changements dans l’évaluation de la constipation via VAS ou Visual Analog Scale). En cas de reflux gastro-oseophagien, la Fasciathérapie présente une semaine après l’intervention une réduction des symptômes et de la douleur et une meilleure mobilité cervicale.
    Toutefois, dans d’autres études sur des personnes atteintes de syndrome du colon irritable et de la maladie de Crohn, sur des femmes opérées à la poitrine et sur des survivants d’un AVC, la Fasciathérapie ne semble pas montrer de différences par rapport au groupe contrôle sur les symptômes intestinaux, la gravité des symptômes, sentiment de fatigue, dépression ou anxiété ou autres outcomes (bien que la gravité des symptômes intestinaux, la fatigue et la qualité de vie se soient améliorées ainsi que la démarche en cas d’AVC).
  • Dysfonction cardio-respiratoire : deux études (une sur les personnes saines et une sur des patients avec insuffisance cardiaque) ne relèvent pas de différences au niveau des paramètres spirométriques ou Doppler
  • Troubles musculosquelettiques : tandis qu’une étude sur la lombalgie présente une réduction de la douleur par rapport au groupe placebo, une autre étude ne montre pas de différences sur la douleur, qualité de vie et fonctions
  • Dysfonctions urogénitales :  une étude prouve que la Fasciathérapie, associée à un régime hypocalorique, génère des améliorations statistiquement significatifs quant à la gravité des problèmes liés aux menstruations chez les femmes souffrant d’un ovaire polykystique, une autre étude ne souligne pas différence dans les symptômes chez les femmes atteinte d’incontinence urinaire.
• Effets indésirables : la Fasciathérapie est bien accueillie. Seule une étude reporte une légère sensation de fatigue suite à l’intervention.

Commentaires

Seulement 3 études sur les 11 analysées comportent un faible risque de biais et, parmi elles, seulement 2 montrent des résultats positifs en faveur de la Fasciathérapie. Plus en détail, la réduction à long terme de la douleur chez les personnes atteintes de lombalgie et l’amélioration à court terme des symptômes de reflux gastro-oesophagien.

Une bonne partie des études possède une taille d’échantillon (nombre de personnes recrutées) faible et les résultats sont donc dans l’incapacité de trouver des effets thérapeutiques, induisant de faux négatifs (autrement dit une étude ne présente aucun effet alors que cet effet se manifeste).

Les techniques utilisées, les groupes témoins, la population incluse, le nombre de séances de thérapies, le follow-up et beaucoup d’autres paramètres sont extrêmement hétérogènes. Ce qui empêche une méta-analyse.

Ainsi, il faut des études plus standardisées, notamment sur le temps des séances d’intervention, de manière à obtenir des résultats plus justes et fiables sur les effets à court, moyen et long terme.

Cette connaissance servirait en premier lieu aux thérapeutes, qui seraient en mesure de bien informer leurs patients sur la durée de la thérapie. De plus, cela aiderait à mieux comprendre si la Fasciathérapie destinée aux viscères est une thérapie utile sur le long terme.

Cette révision systématique montre également le besoin de mieux définir comment mettre en place un bon protocole standardisé pour le traitement sham qu’il faudrait utiliser comme groupe contrôle pour l’intervention manuelle. En effet, chaque étude a sa propre ligne de conduite au risque de définir un traitement sham qui en réalité n’en est pas un et par conséquent d’influencer négativement les sujets recrutés. De ce fait, il faut se concentrer sur les différents aspects comme : le type de toucher, la pression, le mouvement, la position du patient, la zone de contact, le temps de contact et les caractéristique du praticien.

Face au fait que les 2 études relevant des effets aient suivi des approches locales destinées au problème, il faut d’autres études pour comprendre s’il vaut mieux une approche locale spécifique sur la condition pathologique ou une approche globale sur toute la personne.

Enfin, il est important de rappeler qu’il est indispensable pour les chercheurs de décrire au mieux chaque aspect du protocole utilisé pour que l’étude puisse être reproduite et facilement comprise.