Approche ostéopathique au traitement d’un patient avec présentation atypique de coccygodynie

Intervenants

• Nombre: 1
• Description : jeune homme de 21 ans avec coccygodynie depuis 10 ans, issue d’une chute de toboggan en tombant sur le coccyx. Suite à l’impact il s’évanouit mais on ne l’amène ni à un médecin ni aux urgences.
  Entre temps, il gère la douleur par le biais de marches à pied, stretching, taiji et activités variées. Il n’a jamais essayé la physiothérapie ou les analgésiques, seulement l’application parfois de compresses chaudes et froides. Il ne reporte pas de problèmes médicaux, chirurgicaux, familiaux ou sociaux particuliers.

Au cours des 2-3 dernières années, la douleur se fait plus forte sans cause apparente. Un orthopédiste spécialiste de la colonne lui recommande de faire une radiographie quand la douleur devient insoutenable : le rapport indique un coccyx de type III (flexion à 90°) avec sclérose sévère. En refusant l’injection de corticostéroïdes ainsi que d’autres thérapies invasives, le jeune homme rejoint l’étude ostéopathique. Pendant cette période, il note une perte de certaines fonctions cognitives et la sédentarité aggrave sa douleur (pour cette raison il commence à utiliser un oreiller donut pour s’assoir). La douleur a tendance à démarrer à la base du sacrum pour s’étendre ensuite à la zone postérieure de chaque cuisse. La douleur varie de 2 à 10 dans les bons jours et de 8 à 10 dans les mauvais.

Pendant la visite, il note la douleur à 5 sur 10 tandis qu’apparaissent une humeur dépressive, un manque de concentration au travail et une perte de poids significative (10kg dans les 3 dernières années, arrivant à un IMC de 14,94). Le jeune homme déclare ne pas avoir de problèmes d’incontinence urinaire ou intestinale, de faiblesse ou paresthésie aux membres inférieurs.
L’évaluation structurelle ostéopathique montre des dysfonctions crâniennes, aux hanches et au sacrum. En outre, la visite nous fait comprendre que le jeune homme tient la coccygodynie pour responsable de son incapacité à se concentrer à l’école et au travail.

Interventions et évaluations

• 3 sessions de OMT
• OMT : compression du quatrième ventricule, équilibration des tensions membraneuses, techniques à énergie musculaire sur l’articulation atlanto-occipitale, techniques à haute vélocité basse amplitude au niveau thoracique et lombaire, technique myotensive sur les hanches, rocking sacral et technique à énergie musculaire sur le sacrum
• Relation d’aide basée sur l’écoute active pour améliorer l’état de santé générale
  • Régime équilibré basé sur 3 repas par jour concentré sur les protéines, nutriments essentiels et vitamines pour récupérer un IMC convenable

Résultats

Après 3 semaines, lors de la deuxième visite et session d’OMT, le jeune homme constate une hausse de poids de 3 kg amenant l’IMC à 15,84 ainsi qu’une amélioration aussi bien de la douleur que de l’humeur. Par ailleurs, il apprend à mieux gérer les accès de douleur, parvenant à les anticiper et effectuant des mouvements préventifs.
Au bout de 4 autres semaines, lors de la troisième visite et session d’OMT, le jeune homme rapporte une augmentation ultérieure du poids de 3kg portant son IMC à 16,82 ainsi qu’une descente de la douleur la plus aiguë à 3 sur 10. De plus, il décide d’abandonner les visites chez l’orthopédiste dans la mesure où la douleur et l’humeur s’améliorent.

Commentaires

Une approche holistique de type ostéopathique, c’est-à-dire un OMT associé à une relation d’aide destiné à améliorer la santé générale du jeune homme (un poids bas ou IMC est un facteur de risque pour la coccygodynie), améliore la douleur et l’humeur dudit jeune homme, apportant des effets positifs sur le quotidien.
L’OMT peut agir positivement puisque les dysfonctions sacro-coccidiennes sont reliées via le système fascial dans ses différentes couches (superficielle, profonde et méningée), au reste de la colonne vertébrale jusqu’au crâne. D’autant plus que diverses études nous informent sur la manière dont les thérapies manuelles sont en mesure d’améliorer les symptômes dépressifs par l’intermédiaire de mécanismes anti-inflammatoires ou de rééquilibre nerveux.

En règle générale, la gestion de la coccygodynie induit d’abord une série de traitements conservateurs et, dans le cas où ces options sont insuffisantes, une série de traitements invasifs et chirurgicaux. Le résultat de cette étude montre l’importance de se dédier activement aux traitements conservateurs (initialement, on ne conseille rien au jeune homme).

Il faut des études plus organisées afin de mieux comprendre les mécanismes précis à la base des effets de l’OMT qui émergent lors de cette étude.