Maiwen Habchi
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26/09/2022 - Dernière mise à jour 14/03/2023
Olivier Jacq, Isabelle Arnulf, Thomas Similowski, Valérie Attali | Année 2017
Stabilisation des voies aériennes supérieures par la manipulation ostéopathique du ganglion sphéno-palatin contre la manipulation simulée chez les patients avec SAHOS
Pathologie:
Apnée obstructive
Type d'étude:
Essai randomisé transversal
Date de publication de la recherche:
20-12-2017
But de l'étude
- Objectif : déterminer les effets du traitement manipulateur ostéopathique (OMT) réalisé sur le ganglion ptérygopalatin en cas de SAHOS
- Critères d’évaluation mesurés :
- Principal : pourcentage de personnes présentant une plus grande stabilité pharyngienne (définie comme une variation de la pression critique de fermeture des voies respiratoires supérieures d’au moins -4cmH2O) éveillés 30 minutes après l’intervention
- Secondaires : pourcentage de personnes présentant une plus grande stabilité pharyngienne 48heures après l’intervention, variation de la pression critique de fermeture en termes absolus, somnolence par l’échelle de Epworth et ronflement
- Ultérieurs : larmoiement par test de Schirmer, douleur par Visual Analog Scale (VAS) ou sensations perçues durant l’OMT
Intervenants
- Nombre : 9 personnes (2 femmes et 7 hommes, moyenne d’âge 57 ans)
- Critères d’inclusion : adultes (âge ≥18 ans), avec SAHOS et indice d’apnée/hypopnée compris entre 15 et 45, recrutés par un centre spécialisé
- Critères d’exclusion : traitement nocturne avec CPAP ou orthèse d’avancée mandibulaire qui ne peut être interrompu pendant la durée de l’étude, obstruction nasale complète, IMC > 40, traitement avec inhibiteurs sélectifs de sérotonine
- Groupes d’étude : 2 groupes obtenus par randomisation
- Groupe 1 : d’abord OMT et après 21 jours, traitement fictif (sham), 4 personnes
- Groupe 2 : d’abord traitement sham et après 21 jours, OMT, 5 personnes
- En moyenne les individus présentent un indice d’apnée/hypopnée de 31,0
- On analyse seulement 7 personnes par le critère principal
Interventions et évaluations
- Évaluation en début d’étude avec les personnes éveillées, 30 minutes et 48 heures après chaque intervention de la pression critique de fermeture des voies respiratoires supérieures (définie comme la pression négative au-delà de laquelle les voies respiratoires s’effondrent), de la somnolence par l’échelle de somnolence de Epworth et du ronflement via de simples questions
- Évaluation 30 minutes après chaque intervention de la douleur induite par VAS de 0 à 10 cm, du larmoiement généré dans chaque œil par test de Schirmer et des sensations éprouvées via un court entretien (questions fermées simples « Oui/ Non »)
- Évaluation de la reconnaissance de l’OMT en demandant « lequel des deux traitements était le traitement effectif ? »
- 1 session OMT et 1 session de traitement sham espacées de 21 jours, destinées au ganglion ptérygopalatin (pour chaque session, avant le gauche puis le droit)
- La personne traitée doit ouvrir la bouche et faire glisser la mâchoire latéralement vers le ganglion traité
- OMT : pression appliquée vers le ganglion avec l’auriculaire en plusieurs phases (avant en référence au processus ptérygoïdien jusqu’au relâchement du muscle ptérygoïdien externe, et puis dans la fosse ptérygopalatine jusqu’au relâchement des tissus avoisinants)
- Traitement sham : pression appliquée à la muqueuse adjacente à la dernière molaire homolatérale par rapport au ganglion traité
- OMT et traitement sham exécuté par un ostéopathe
- Les personnes en traitement avec CPAP ou orthèse d’avancée mandibulaire arrêtent de manière transitoire le traitement 1 semaine avant chaque intervention, pour ensuite le reprendre à la suite de l’évaluation effectuée au bout de 48heures
Résultats
- Critère d’évaluation principal : 30 minutes après les deux interventions, le nombre de personnes répondant à l’OMT se révèle supérieur au nombre de celles répondant au traitement sham (5 contre 0) de façon statistiquement significative.
- Critères d’évaluation secondaires : suite à 30 minutes, la pression critique de fermeture descend d’une moyenne de -4,5cmH2O avec l’OMT alors qu’elle croît de +1,7cmH2O avec le traitement sham, avec une différence n’étant malheureusement pas statistiquement significative.
Par ailleurs, après 48 heures on ne dénote pas de différence statistiquement significative bien que 4 personnes répondent à l’OMT contre 1 au traitement sham. Toutefois, en comparaison avec le commencement de l’étude, la pression critique de fermeture chute d’une moyenne de -9,2cmH2O avec OMT, ce qui s’avère statistiquement significatif.
Quant à la somnolence, on ne voit pas de différence statistiquement significative entre les deux groupes. En ce qui concerne le ronflement, alors qu’aucun changement à la suite du traitement sham n’apparaît, 3 personnes sur 6 reportent une baisse de l’intensité du ronflement à la suite de l’OMT. - Critères ultérieurs : après le traitement sham aucune personne ne rapporte de douleur, tandis qu’après l’OMT toutes communiquent une douleur aiguë (8 sur 10) bien que cette dernière soit supportable. De la même façon, le larmoiement augmente nettement à la suite de l’OMT alors qu’il diminue suite au traitement sham. De façon statistiquement significative, beaucoup plus de personnes témoignent de sensations après l’OMT par rapport au traitement sham dont la sensation d’ouverture de la bouche, meilleure respiration par le nez, légère paresthésie, sensation du sang dans la bouche sans saigner, relaxation, fatigue. Sur les 9 personnes, 3 se disent incapables de définir lequel des deux traitements est celui effectif alors que 6 personnes se trompent dans son identification.
- Analyses ultérieures : l’ordre des interventions ne semble influencer aucun critère.
Commentaires
L’OMT démontre pouvoir agir sur la stabilité des voies respiratoire chez les personnes éveillées, manifestant un résultat que la littérature qualifie d’important d’un point de vue clinique (une variation de -3cmH2O indique déjà une amélioration).
L’OMT peut possiblement avoir des effets par une neuro-modulation autonome parasympathique (qui chez quelques patients pourrait induire aussi une résolution de céphalée et de sinusite).
L’entretien avec les personnes traitées montre comment l’organisation de l’étude parvient à cacher quel est le traitement sham et celui OMT, pouvant ainsi limiter l’effet placebo/nocebo lié à d’éventuelles attentes.
Malheureusement, le nombre restreint de personnes ne permet pas une significativité d’autres résultats. Il faut donc des études plus solides et effectuées sur de plus vastes échantillons. Il faut ensuite que les études évaluent la variation de la pression critique de fermeture aussi pendant le sommeil, de façon à se faire une meilleure idée de l’utilité effective de l’OMT en cas de SOHAS.
La critique Osteopedia
Par Marco Chiera
Forces: première étude évaluant l’OMT sur un paramètre objectif lié à la stabilité des voies respiratoires supérieures ; définition d’un critère principal précis ayant une importance clinique sur laquelle calculer la taille de l’échantillon (combien de personnes recruter) ; description correcte de l’intervention ainsi que les évaluations ; on vérifie si les personnes reconnaissent le traitement OMT et celui sham. Résultat cliniquement significatif et bonne discussion des résultats. L’utilisation de l’évaluation qualitative en référence à l’intervention est intéressante, dans la mesure où elle peut aider les praticiens à savoir ce que les patients peuvent ressentir et les aider à donner une signification à ces sensations.
Limites : l’obtention de la taille d’échantillon n’est pas claire, puisqu’en essayant d’utiliser l’instrument indiqué par les auteurs on obtient une taille d’échantillon supérieure à 9, valeur considérée par les auteurs. De par la taille exiguë de l’échantillon, on explique l’absence de significativité de quelques résultats, qui en revanche pourraient l’être dans un plus grand échantillon.
Enfin, on ne comprend pas vraiment si l’effet de l’ordre des interventions sur les critères est évalué de façon adéquate.
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