Maiwen Habchi
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12/09/2022 - Dernière mise à jour 14/03/2023

Julio Zago, Fellipe Amatuzzi, Tatiana Rondinel, João Paulo Matheus | Année 2020

Traitement manipulateur ostéopathique versus programme d’exercices chez les coureurs atteints du syndrome de douleur fémoropatellaire

Pathologie:

Douleur fémoropatellaire

Type d'étude:

Essai contrôlé randomisé

Date de publication de la recherche:

17-12-2020

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But de l'étude

  • Objectif : déterminer l’efficacité du traitement manipulateur ostéopathique (OMT) par rapport au programme d’exercices chez les coureurs atteints du syndrome de douleur fémoropatellaire
  • Critères d’évaluation mesurés :
    • Principal : douleur au genou par Visual Analog Scale (VAS)
    • Secondaires : fonctionnalité par Lysholm Knee Scoring Scale, valgus dynamique du genou par step-down test, pression plantaire au milieu du pied par baropodométrie statique, flexibilité de la cuisse postérieure par sit and reach test, range of motion (ROM) en extension de la hanche par fleximètre

Intervenants

  • Nombre : 82 personnes (48 femmes et 34 hommes)
  • Critères d’inclusion: coureurs (courir au moins 3 fois par semaines), âge 18-35 ans avec diagnostic du syndrome de douleur fémoropatellaire (douleur récurrente dans la partie antérieure du genou pendant au moins 3 mois et dans au moins 2 activités causant normalement le syndrome) conduit par un chercheur de l’étude ; hypomobilité articulaire dans au moins une des articulations suivantes : courbe lombaire, sacro-iliaque, hanches, genoux et chevilles ; douleur dans la région antérieure d’un ou des deux genoux avec une intensité d’au moins 5 sur VAS
  • Critères d’exclusion : diagnostic de pathologies différentes du syndrome fémoropatellaire
  • Groupes d’étude : 3 groupes obtenus par randomisation
    • Groupe 1 : OMT, 30 personnes (18 femmes et 12 hommes, moyenne d’âge 31,36 ans)
      • On perd 3 personnes au follow-up
    • Groupe 2 : programme d’exercices, 28 personnes (17 femmes et 11 hommes, moyenne d’âge 34,88 ans)
      • On perd 2 personnes au follow-up
    • Groupe 3 : liste d’attente, 24 personnes (13 femmes et 11 hommes, moyenne d’âge 32,94 ans)

Interventions et évaluations

Pour l’inclusion ou l’exclusion de l’étude :

  • Evaluation de l’hypomobilité articulaire : courbe lombaire par Mitchel Test et test de sensibilité palpatoire ; articulation sacro-iliaque par Distraction, Thigh Thrust, Compression, Sacrum Thrust and Gillet Tests ; hanche par Gaenslen Test et Patrick & Faber Test ; genoux par les tests de mobilité de la fibula et de la rotation tibiale ; cheville par test de la mobilité de la fibule distale, de l’os naviculaire et l’astragale
    • diagnostic différentiel effectué par un médecin ostéopathe pour d’autres troubles musculosquelettiques
  • Évaluation au début de l’étude, après chacune des 6 interventions et 30 minutes après la fin de l’étude de : douleur au genou par VAS, valgus dynamique du genou par step-down test et flexibilité de la cuisse postérieure par sit and reach test
  • Évaluation à la première et sixième intervention 30 jours après la fin de l’étude de : fonctionnalité par LKSS, valgus dynamique du genou par step-down test, pression plantaire au milieu du pied par baropodométrie statique et ROM en extension de la hanche par fleximètre
  • 6 sessions d’OMT ou d’exercices physiques de 40 minutes, deux fois par semaine espacées d’au moins 48 heures
  • OMT : techniques à haute vélocité basse amplitude destinées à la courbe lombaire, hanches, articulations sacro-iliaques, genoux, chevilles et, si besoin est, techniques de relâchement myofascial destinées aux muscles de la région lombaire, tenseurs du fascia lata, ilio-psoas, piriformi, quadriceps et gastrocnémiens.
  • Programme d’exercices : exercices spécifiques consacrés aux quadriceps et muscles ischio-jambiers, flexion, abduction, adduction, rotation externe et extension de la hanche, extension des genoux, squat, step latéral, stretching passif des muscles ischio-jambiers, tractus iliotibial et fléchisseurs plantaires
  • Liste d’attente : à la fin de l’étude, physiothérapie
  • OMT réalisé par un ostéopathe avec 8 années d’expérience
  • On demande aux personnes recrutées de ne pas suivre d’autres traitements de physiothérapie, de ne pas consommer de médicaments et de ne pas courir pendant l’étude
    • Dans le cas contraire, ils doivent en informer les chercheurs

Résultats

  • Critère d’évaluation principal : l’OMT et le programme d’exercices induisent une réduction de la douleur statistiquement significative par rapport au groupe contrôle déjà à partir de la première session. La significativité se maintient pendant l’étude, follow-up de 30 jours compris.
  • Critères d’évaluation secondaires : l’OMT et le programme d’exercices physiques génèrent une amélioration de la fonctionnalité mesurée par LKSS et de la flexibilité de la cuisse postérieure par rapport au groupe contrôle de façon statistiquement significative.
    Dans le test de valgus dynamique du genou, l’OMT provoque en revanche une baisse statistiquement significative comparativement au programme d’exercices et de contrôle. Ainsi, la pression plantaire s’avère réduite, de façon statistiquement significative, dans le groupe OMT en comparaison avec les autres groupes.
    Mais quant au ROM, le programme d’exercices démontre une amélioration statistiquement significative par rapport à l’OMT et au contrôle. A l’exception de ROM, tous les résultats perdurent de façon statistiquement significative au follow-up.

Commentaires

Malgré quelques limites intrinsèques de l’étude (ex : impossibilité de contrôler si les personnes suivent les recommandations), aussi bien l’OMT que le programme d’exercices, à quelques différences près, entraînent des améliorations notables auprès des coureurs atteints du syndrome de douleur fémoropatellaire. Ces résultats, concernant notamment une plus faible douleur et une plus forte fonctionnalité, sont statistiquement et cliniquement significatifs.

Tandis que les exercices peuvent renforcer la musculature (bien qu’aucune mesure ne soit faite pour évaluer concrètement ce changement), l’OMT peut améliorer la fonctionnalité articulaire, favorisant une meilleure redistribution des charges sur le genou en plein effort. Cette hypothèse pourrait trouver confirmation dans le changement de la pression plantaire survenu dans le groupe OMT.

Les autres résultats obtenus ont un impact clinique important : toutefois, ils peuvent encourager une diminution du risque d’accident, et dès lors, ils sont à prendre en compte. A ce propos, la plus grande flexibilité de la cuisse postérieure dans le groupe OMT peut dériver de la baisse de tension des muscles et fascia engendrée par les techniques de relâchement myofascial. En conséquent, dans la thérapie du syndrome de douleur fémoropatellaire, l’OMT et le programme d’exercices sont des interventions considérables particulièrement efficaces.

La critique Osteopedia

Par Marco Chiera

Forces: description très détaillée des critères d’inclusion, des test instrumentaux utilisés et des interventions ; calcul de la taille d’échantillon (combien de personnes recruter) ; différents résultats obtenus (ex : douleur et fonctionnalité) sont aussi cliniquement significatifs soit ils indiquent une réelle amélioration de la condition clinique ; évaluation avec follow-up de 30 jours ; calcul des effect size (la pertinence de l’effet d’une intervention), utiles pour de futures études.

Limites: dans le calcul de la taille d’échantillon, on n’indique pas les valeurs de la moyenne et déviation standard de la douleur, il est difficile de reproduire le calcul ; comme reporté par les auteurs, l’absence d’examens radiographiques pour diagnostiquer le syndrome de douleur fémoropatellaire pourrait empêcher de découvrir la cause de douleur dans d’autres lésions présentes ; il ne semble pas qu’une évaluation des potentiels effets adverses ne soit réalisée.
En outre, on explique l’effet de l’exercice seulement par un simple renforcement de la musculature, sans considérer les preuves qui dissocient la douleur de la force musculaire de l’importance des améliorations proprioceptives et intéroceptives soit de l’organisation sensorimotrice. De ce fait, quant au relâchement myofascial on parle généralement de réduction de tensions musculaires et des fascias.

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