Evaluation de l’appareil stomatognatique avant et après le traitement manipulateur ostéopathique chez 120 personnes saines au travers de l’électromyogramme superficiel

Intervenants

• Nombre : 120 personnes (73 femmes et 47 hommes, moyenne d’âge 25,6 ans)
• Critères d’inclusion : absence des conditions suivantes : thérapie orthodontique en cours ou pendant l’année précédente, troubles temporo-mandibulaires, douleur dans la cavité buccale, prothèses mobiles, protège-dent, chirurgie ou accident au cours des six derniers mois ; présence d’au moins 24 dents saines
• Groupes d’étude : trois groupes obtenus par randomisation
  • Groupe 1 : OMT, 40 personnes (28 femmes et 12 hommes)
  • Groupe 2 : traitement fictif (sham), 40 personnes (23 hommes et 17 femmes)
  • Groupe 3 : contrôle, 40 personnes (22 femmes et 18 hommes)

Interventions et évaluations

• Au début de l’étude, évaluation extraorale et intraorale du système stomatognatique pour relever des asymétries, malocclusions, altérations dans la morsure et autres dysfonctions, particulièrement liées aux mouvements de la mâchoire et de l’articulation temporo-mandibulaire selon les critères proposés par l’Associazione Italiana di Gnatologia
• Évaluation de l’activité des muscles masticateurs par EMG avant et après intervention
  • chaque évaluation comporte quatre tests :
    1) assis, les yeux fermés en serrant les dents au maximum sur des rouleaux de coton
    2) assis, les yeux ouverts en serrant les dents au maximum sur des rouleaux de coton
    3) position orthostatique, les yeux ouverts en serrant les dents au maximum sur des rouleaux de coton
    4) assis, les yeux fermés en serrant les dents au maximum
• Chaque personne reçoit une évaluation ostéopathique pour évaluer la posture en position statique
• 1 session d’OMT uniquement, traitement sham ou contrôle de la durée de 30 minutes
• OMT : traitement avec 3 techniques standardisées (techniques d’inhibition directe des muscles masséters, des muscles temporaux et des muscles ptérygoïdiens externes et internes) et 3 techniques choisies par le praticien suivant les caractéristiques de la personne traitée
• traitement sham : traitement fictif
• Contrôle : aucun traitement (attente)

Résultats

• Critères d’évaluation principaux : dans le groupe OMT, 40% des personnes montrent des changements statistiquement significatifs. On trouve entre autres une amélioration (meilleure symétrie) de l’activité des muscles temporaux dans toutes les positions et des masséters dans la position orthostatique, ainsi que dans le barycentre occlusal et l’équilibre de l’activité musculaire entre temporaux et masséters.
  Le traitement sham semble en revanche induire des effets statistiquement significatifs chez 7,5% des personnes quant à l’effort musculaire, bien que cela reste au niveau physiologique, et à l’activité des muscles temporaux qui s’est quant à elle dégradée. Dans le groupe contrôle, bien qu’ils demeurent aux niveaux physiologiques, des résultats statistiquement significatifs apparaissent chez 17,5% des personnes concernant la symétrie musculaire, équilibre entre muscles temporaux et masséters et barycentre occlusale.
• Analyses ultérieures : on calcule l’effect size (la pertinence du résultat obtenu) entre les différentes interventions et, par conséquent, la puissance de l’étude : le traitement sham a un effect size de 0,42 (puissance = 0,62) par rapport au contrôle, l’OMT a un effect size de 0,19 (puissance = 0,18) par rapport au traitement sham et de 0,51 (puissance = 0,80) par rapport au contrôle.

Commentaires

Par rapport au traitement sham et au groupe contrôle, l’OMT entraîne des changements significatifs dans l’activité musculaire chez un grand nombre de personnes, dans la mesure où tous ces changements se révèlent meilleurs. Au contraire, dans les autres groupes, on trouve plus d’aggravations que d’améliorations de l’activité musculaire du système stomatognatique.

La raison de telles dégradations peut résider dans le stress psychologico-émotif des tests effectués et dans l’attente de devoir en effectuer d’autres. Dans la littérature, on rapporte en effet comment les facteurs psychologiques, avec une douleur initiale et un diagnostic, s’avèrent d’importants facteurs pronostiques pour le traitement des troubles temporo-mandibulaires.

Il est par ailleurs intéressant de relever le résultat obtenu dans le groupe soumis au traitement sham, où le toucher n’apporte pas de résultats bénéfiques en dépit de l’effet placebo relatif au toucher.

Compte tenu des résultats obtenus, on peut considérer l’OMT comme un support utile dans le traitement des troubles temporo-mandibulaires grâce à sa capacité à influencer positivement l’activité musculaire. Toutefois, de plus grandes études et surtout effectuées sur les personnes atteintes de problèmes à l’appareil stomatognatique sont nécessaires.