Maiwen Habchi
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16/08/2022 - Dernière mise à jour 14/03/2023

P. Di Giacomo, E. Cerignoli, V. D'Ermes, G. Ferrato, A. Polimeni, C. Di Paolo | Année 2021

Traitements gnatologiques et ostéopathiques avec examens numériques avant et après thérapies. Étude de cas d’un patient avec syndrome de Ehlers-Danlos

Pathologie:

Syndrome de Ehlers-Danlos (troubles congénitaux du tissu conjonctif)

Type d'étude:

Étude de cas

Date de publication de la recherche:

05-05-2021

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But de l'étude

  • Objectif: reporter l’utilité d’un programme thérapeutique intégré prévoyant le traitement manipulateur ostéopathique (OMT) dans la gestion d’une personne atteinte du syndrome de Ehlers-Danlos
  • Critères d’évaluation mesurés: évaluation de la douleur par Verbal Numeric Scale (VNS) et des altérations musculosquelettiques et gnatologiques par examens cliniques et numériques (électromyographie superficielle ou sEMG, T-scan III et plateforme stabilométrique)

Intervenants

  • Nombre: 1
  • Description : femme âgée de 33 ans atteinte du syndrome de Ehlers-Danlos (type hypermobile) et de troubles temporomandibulaires.
    Antécédent de douleur modérée (score de 50 sur 100 sur VNS) au niveau de l’articulation temporomandibulaire et du masséter de gauche. 5 fois par semaine, elle est touchée par des épisodes de céphalée occipitale et/ou temporale bilatérale (VNS de 70) et de douleur au cou (VNS de 20). On ne trouve ni acouphènes ni vertiges. Il y a ensuite une douleur diffuse le long de la colonne vertébrale et dans les membres allant de 20 à 70 secondes selon VNS.Présence d’occlusion de type I avec des signes d’usure dentaire avec un surplomb (overjet) et une supraclusion (overbite) normaux, subluxation de l’articulation temporomandibulaire de gauche, ouverture buccale excessive (52mm) et sensibilité aux muscles masséters, ptérygoïdiens temporaux. La cavité glénoïde temporale est aplatie des deux côtés. L’évaluation ostéopathique selon les cinq modèles relève :

    • Modèle biomécanique : accouchement par césarienne avec complications, ostéopénie et protrusions discales cervicales et lombaires
    • modèle respiratoire-circulaire : antécédent de tonsillite et amygdalectomie, insuffisance de la valve mitrale, un épisode de pneumonie et reflux gastro-œsophagien • modèle métabolique : kystes ovariens, vulvodynie et névralgie pudendale ; intolérance au lactose, hernie hiatale et maladie intestinale
    • modèle comportemental : niveau de somatisation modéré

On souligne d’ailleurs une extra-rotation de la moitié droite du corps et une intra-rotation de la moitié gauche du corps.

On effectue ensuite trois tests numériques :

    • sEMG des muscles masticateurs qui révèle une prépondérance des muscles temporaux sur les masséters et un effort de mastication excessif
    • T-scan III pour l’analyse de l’occlusion dentaire qui montre un centre de gravité droit occlusal avant la deuxième molaire et une perte d’efficacité neuromusculaire
    • plateforme stabilométrique qui capture une forte interférence du système oculomoteur, une altération du rachis cervical et une charge accrue sur le pied droit

Interventions et évaluations

  • Évaluation avant et au terme du parcours de traitement de douleur par VNS et des altérations musculosquelettiques et gnatologiques par examens cliniques et numériques (sEMG, T-scan III et plateforme stabilométrique)
  • thérapie gnatologique destinée aux composantes stomatognatiques
    • 18 mois de thérapie par attelle occlusale et exercices propriocepteurs
  • OMT destiné à la gestion de la douleur, des dysfonctions de la colonne vertébrale et musculosquelettiques
    • 3 cycles, à 2 mois d’intervalle, de 4 sessions hebdomadaires durant 45 minutes
  • examen spécifique de la vue suivie d’une rééducation
  • on traite aussi la patiente pour des problèmes viscéraux décelés lors de l’évaluation ostéopathique

Résultats

En fin de thérapie (18 mois après la première visite), on ne rapporte aucune douleur masticatoire, temporomandibulaire ou au cou. Les épisodes de céphalée baissent en fréquence et en intensité (VNS descendue à 40). La patiente retrouve un meilleur contrôle des mouvements mandibulaires en améliorant ses habitudes (elle arrête de serrer continuellement les dents).
La douleur répandue dans le corps s’estompe elle aussi jusqu’à atteindre un rang de 10-30 selon VNS.
Les examens numériques manifestent une normalisation des paramètres avec une meilleure efficacité neuromusculaire quant à la mastication, une meilleure répartition de la charge et une amélioration du système oculomoteur grâce à une rééducation oculaire.

Commentaires

La thérapie gnatologique à l’aide des exercices de proprioception, qui fonctionnent comme une véritable « thérapie cognitive-comportementale », permet l’amélioration de la mastication et la disparition de la douleur relative aux dysfonctions présentes avant le parcours thérapeutique. A savoir que les exercices proprioceptifs sont centraux dans le maintien des résultats obtenus avec la thérapie par attelle occlusale, puisque la perte de la proprioception est typique des cas de syndrome de Ehlers-Danlos.

L’OMT en revanche encourage une amélioration de l’état de douleur globale et de la posture en agissant sur le rééquilibre des différents systèmes corporels : mouvement articulaire, drainage lymphatique, flux sanguin, proprioception corporelle générale, colonne vertébrale. Une telle étude met en avant la faisabilité et l’efficacité d’une approche multidisciplinaire dans des conditions complexes.

La critique Osteopedia

Par Marco Chiera

Forces : description détaillée du cas clinique et des tests réalisés ; bonne description de la manière dont se déroule la thérapie au cours du temps et des dysfonctions relevées pendant l’OMT ; bonne discussion de l’importance des seules thérapies et de leur intégration ; description d’un programme diagnostique et thérapeutique intégré.

Limites : bien qu’on puisse supposer que l’OMT soit personnalisé, on ne comprend pas clairement quelles techniques ou bien approche sont utilisées (on ne s’attarde pas sur la mention des techniques douces telles que le relâchement positionnel et le counterstrain) ; il n’y a pas d’indice pour évaluer à quel point le seul OMT influe sur le résultat final ; il manque une discussion des limites de l’étude.

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