Maiwen Habchi
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16/08/2022 - Dernière mise à jour 14/03/2023

D. Boesler, M. Warner, A. Alpers, E. P. Finnerty, M. A. Kilmore | Année 1993

Efficacité de la technique à haute vitesse basse amplitude chez les sujets atteints de lombalgie liée aux crampes menstruelles

Pathologie:

Lombalgie (mal de dos)

Type d'étude:

Essai contrôlé

Date de publication de la recherche:

01-02-1993

Image

But de l'étude

  • Objectif : évaluer l’efficacité du traitement manipulateur ostéopathique (OMT) sur la lombalgie associée aux douleurs menstruelles
  • Critères d’évaluation mesurés :
    • Principal: évaluation de l’activité musculaire dans la zone lombaire par électromyographie (EMG)
    • Secondaires: évaluation de créatine kinase totale, lactate déshydrogénase (total et isoenzymes) et myoglobine par ponction veineuse

Intervenants

  • Nombre: 12 femmes
  • Critères d’inclusion : âge de 22 à 36 ans, patientes, étudiantes ou membres du personnel (ou leurs amies et épouses) du Department of Osteopathic Manipulative Medicine à l’University of Osteopathic Medicine and Health Sciences College of Osteopathic Medicine, Des Moines, Iowa ; antécédent de crampes menstruelles avec lombalgie unilatérale ou bilatérale localisée dans les muscles érecteurs de la colonne vertébrale entre L2 et S1 ; aucun antécédent d’autres types de lombalgie ou incidents ou trauma au rachis lombaire
  • Groupes d’étude : 2 groupes
    • Groupe 1: OMT, 10 femmes
    • Groupe 2: aucun traitement, 10 femmes
      on considère
    • 8 femmes dans chaque groupe, à 1 mois d’intervalle (d’abord groupe 1, ensuite groupe 2)

Interventions et évaluations

  • Évaluation physique sensorielle, motrice et neurologique au début de l’étude
  • examen palpatoire au début de l’étude
    • hypertonicité latéralisée vers la musculature qui procure plus de douleur, avec une proéminence concomitante, toujours vers ce côté, des processus transverses des vertèbres de T10 à L2, incapacité à recréer la douleur en absence de crampes menstruelles
  • évaluation avant et après l’intervention (dans tous les cas, on répète l’examen 2 fois) de l’activité musculaire de la région lombaire par EMG
    • on effectue l’examen en demandant aux femmes, après 5 minutes de repos en position allongée, d’étendre d’abord la zone lombaire et puis de la plier, en maintenant la position pendant 5 secondes pour chaque cas
    • à partir des analyses réalisées, on réalise seulement l’évaluation EMG en cas d’extension puisque ce mouvement s’avère plus simple à contrôler et prodigue des résultats plus consistants pour l’analyse
  • évaluation avant et après intervention et à mi-cycle (quand la douleur n’est pas présente) de créatine kynase totale, lactate déshydrogénase (total et isoenzymes) et myoglobine par ponction veineuse
  • 1 session d’OMT d’environ 10 minutes pendant les jours de menstruations où la dysménorrhée avec lombalgie fait surface
  • OMT : évaluation structurelle d’éventuels mécanismes de compensation, techniques à énergie musculaire sur les muscles de la hanche, au bassin et au pubis, mobilisation du sacrum et techniques à haute vélocité basse amplitude sur articulation sacro-lombaire, thoraco-lombaire, de la traversée thoraco-brachiale et rachis cervical
  • aucun traitement : repos en position allongée en même temps que l’OMT
  • OMT pratiqué par deux étudiants, formés spécialement avant l’étude pour suivre un protocole déterminé
  • on demande aux femmes de ne prendre aucun analgésique avec stéroïde avant les évaluations physiques
    • même si 2 femmes prennent de l’ibuprofène au vu de l’intensité de la douleur, elles restent quand même dans l’étude car : la lombalgie demeure ; l’examen EMG démontre un résultat comparable à une situation de lombalgie

Résultats

  • Critère d’évaluation principal : après l’intervention, l’OMT favorise une réduction de l’activité musculaire relevée par EMG de 25% obtenant un résultat statistiquement significatif. Ceci ne se produit pas dans le groupe privé de traitement.
    Alors que 9 femmes sur 10 présentent une diminution du signal moyen EMG dans le groupe OMT, seulement 5 sur 10 arborent une réduction similaire au repos.
    En outre, toutes les femmes traitées avec OMT ne manifestent plus d’activité musculaire spontanée pendant les douleurs menstruelles – activité spontanée liée souvent à la lombalgie. A l’inverse, cette activité musculaire spontanée reste présente après le repos.
  • Critères d’évaluation secondaires : on ne remarque pas de différences dans les examens sanguins avant et après intervention que ce soit le repos ou l’OMT.
    Toutefois, le rapport entre myoglobine et créatine s’avère plus élevé pendant les jours au sein desquels les crampes sont présentes par rapport aux jours du cycle où elles sont absentes de façon statistiquement significative.

Commentaires

L’OMT se montre en mesure d’influencer positivement l’activité musculaire en cas de douleurs menstruelles, réduisant de ce fait la douleur lombaire comme reporté par toutes les participantes qui, immédiatement après l’OMT, communique un soulagement instantané.
Il est intéressant de relever que l’OMT semble agir positivement aussi sur ces deux femmes chez qui l’ibuprofène n’a pas d’effet.

L’absence de changements dans les examens sanguins peut s’expliquer de bien des façons : en premier lieu, 5-12 heures après l’OMT les crampes menstruelles reviennent même si leur intensité diminue par rapport au début.
Il faut des études plus approfondies pour bien comprendre l’efficacité de l’OMT et le meilleur moyen de traiter les femmes avec dysménorrhée surtout avec lombalgie concomitante, laquelle peut découler d’une excitation des voies nerveuse autonomes et somatiques médiée par des processus inflammatoires à l’origine de la dysménorrhée.

La critique Osteopedia

Par Marco Chiera

Forces : compte tenu de l’époque à laquelle on publie cette étude, elle est bien présentée y compris son introduction – bonne description initiale de la lombalgie, crampes menstruelles et OMT – aussi bien dans la partie des instruments et méthodes que dans les résultats et la discussion. En effet, les liens divers entre lombalgie, douleurs menstruelles, activité musculaire et EMG sont bien approfondis.
Le recours à une évaluation objective (EMG) comme subrogée par la douleur (bien qu’on sache aujourd’hui comment la douleur est plus que l’activité musculaire, nerveuse et physiologique, mais plutôt une élaboration cérébrale complexe ainsi que de l’organisme).
Usage d’un protocole OMT facilement reproductible.

Limites : l’échantillon analysé est petit et non randomisé ; absence d’une évaluation subjective structurée de la douleur lombaire à comparer avec l’évaluation objective. Bien que reproductible, le protocole de l’OMT peut s’éloigner de la pratique clinique. Absence de follow-up et absence de description sur la façon dont les 8 femmes recevant chaque traitement se comportent.
Comme elles bénéficient effectivement de l’OMT et ensuite du repos, il pourrait y avoir deux conclusions : 1 session d’OMT est légèrement efficace dans le temps (le mois suivant, les douleurs reviennent comme auparavant) ; le groupe de repos constate quant à lui une baisse de l’activité EMG car l’efficacité de l’OMT est « encore en cours ».

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