Maiwen Habchi
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12/08/2022 - Dernière mise à jour 14/03/2023

P. Tozzi, D. Bongiorno, C. Vitturini | Année 2012

Lombalgie et mobilité rénale : la manipulation fasciale ostéopathique locale diminue la perception de la douleur et améliore la mobilité rénale

Pathologie:

Lombalgie (mal de dos)

Type d'étude:

Essai contrôlé randomisé en cross over

Date de publication de la recherche:

01-06-2012

Image

But de l'étude

  • Objectif : déterminer les éventuelles altérations dans la mobilité rénale, les effets du traitement manipulateur ostéopathique (OMT) sur la mobilité rénale et la douleur chez les personnes atteintes de lombalgie non spécifique
  • Critères d’évaluation mesurés :
    • Principaux : évaluation de la mobilité rénale pendant la respiration forcée par ultrasons et de la douleur via Short-Form McGill Pain Assessment Questionnaire (SF-MPQ)

Intervenants

  • Nombre : 241 personnes (96 femmes et 145 hommes)
  • Critères d’inclusion :
    • Pour les participants asymptomatiques : volontariat, absence d’antécédent de lombalgie ou de toute autre douleur en mesure d’interférer avec les activités quotidiennes ou professionnelles, douleur actuelle inférieure à 1 par le biais de Visual Analog Scale (VAS)
    • Pour les participants avec lombalgie : âge 18-60 ans, douleur non spécifique dans la région lombaire d’une durée comprise entre 3 semaines et 3 mois, avec ou sans légers symptômes neurologiques, examens de résonnance magnétique ou ultrasons qui excluent les pathologies à la colonne vertébrale et aux reins
  • Critères d’exclusion: (pour chaque groupe de participants) blessure, opération chirurgicale ou pathologie importante au dos, au niveau rénal ou à d’autres membres inférieures ; déformation de la structure vertébrale majeure (scoliose, cyphose, sténose), spondylarthrite ankylosante ou polyarthrite rhumatoïde ; fracture, tumeur ou infection spinale ; saignements ; troubles neurologiques ou psychiatriques majeurs ; infection systémique aiguë ; grossesse ; ptose rénale ; contentieux pour la lombalgie ; recours actuel à la physiothérapie ou thérapie manuelle ; prise d’analgésiques ou antiinflammatoires dans les 72 dernières heures
  • Groupes d’étude : 3 groupes, dont 2 (ceux expérimentaux) obtenus par randomisation
    • Groupe 1 : asymptomatiques, 101 personnes (30 femmes et 71 hommes, moyenne d’âge 38,9 ans)
    • Groupe 2 : avec lombalgie, OMT, 109 personnes (55 femmes et 54 hommes, moyenne d’âge 39,8 ans)
    • Groupe 3 : avec lombalgie, traitement fictif (sham), 31 personnes (11 femmes et 20 hommes, moyenne d’âge 37,6 ans)

Interventions et évaluations

  • Évaluation en temps réel de la mobilité du rein droit pendant respiration forcée par ultrasons avec sonde à 5MHz
    • on calcule un score (Kidney Mobility Score, ou KMS) à partir de la différence entre la position du rein en expiration maximale et celle en inspiration maximale
    • on réalise une seule fois l’évaluation dans le groupe asymptomatique
    • on réalise l’évaluation avant et après l’intervention dans les groupes expérimentaux
  • Évaluation le jour du recrutement et 3 jours après intervention de la douleur par SF-MPQ
  • 1 session d’OMT ou de traitement sham de 3 minutes et 30 secondes, précédée d’une évaluation ostéopathique structurelle du fascia thoraco-lombaire pour relever les zones de dysfonction fasciale ou osseuse
  • OMT : techniques de Still pendant 2 minutes et de déroulement fascial (unwinding) pendant 90 secondes
  • Traitement sham : simple appui des mains en imitant les positions de l’OMT
  • Évaluation de la mobilité rénale exécutée par un médecin spécialisé dans l’utilisation des ultrasons avec 16 années d’expérience
  • Évaluation structurelle et OMT effectués par un ostéopathe avec 6 ans d’expérience
  • Traitement sham réalisé par une personne sans connaissance de l’anatomie et quelque expérience dans les thérapies manuelles

Résultats

Critères d’évaluation principaux : la mobilité rénale s’avère inférieure en cas de lombalgie non spécifique par rapport aux participants asymptomatiques, de façon statistiquement significative.
Dans le groupe OMT, la mobilité rénale post-traitement est supérieure de façon statistiquement significative à celle prétraitement ainsi que la mobilité rénale du groupe avec traitement sham – de façon statistiquement significative. Par ailleurs, dans le groupe avec traitement sham, la mobilité ne change pas avant et après l’intervention.
De la même façon le groupe OMT présente, après le traitement, une douleur plus basse qu’avant le traitement et que le groupe avec traitement sham – de façon statistiquement significative. Dans le groupe avec traitement sham, en revanche, la douleur ne change pas avant et après l’intervention (elle semble même augmenter légèrement).

Commentaires

La mobilité rénale est inférieure chez les personnes atteintes de lombalgie non spécifique. D’autre part, l’OMT se montre en capacité à améliorer la mobilité rénale et, en même temps, à réduire la douleur lombaire du moins à court terme.
Dans cette étude, il est intéressant de noter 3 différents types de mobilité rénale pendant la respiration, qui peuvent expliquer la grande variabilité interindividuelle dans la mobilité rénale relevée dans plusieurs études.

Une mobilité rénale réduite en cas de lombalgie non spécifique pourrait être due à d’autres facteurs, et non seulement à une façon de respirer différente. En effet, différentes études montrent que la respiration au repos est équivalente entre les personnes asymptomatiques et celles souffrant de lombalgie. Cette mobilité rénale réduite peut s’expliquer par des réflexes viscérosomatiques et/ou somato-viscéraux entre les reins et la colonne vertébrale, une congestion veineuse ou lymphatique ou des tensions mécaniques présentes le long du tissu conjonctif. Entre autres, cela pourrait s’expliquer par tous les éléments sur lesquels l’OMT pourrait agir positivement, favorisant ainsi une plus grande mobilité rénale.
En ce qui concerne la douleur, l’OMT pourrait la diminuer par une augmentation du tonus parasympathique au niveau autonome et un stimulus à la sécrétion d’endocannabinoïdes.

Naturellement, il faut considérer ces résultats avec précaution puisque la mesure de la mobilité rénale par l’intermédiaire d’ultrasons est particulièrement délicate et influençable par divers facteurs. Par ailleurs, on examine uniquement le rein droit et il n’est pas dit que le rein gauche se comporte comme celui de droite.
De plus, il faut tenir compte du fait que le pourcentage de femmes et d’hommes dans les divers groupes n’est pas le même. Ceci pourrait influencer les résultats à cause d’une conformation organique différente qui très probablement peut se répercuter sur le mouvement des organes. Pour finir, des études sur de plus grands échantillons sont nécessaires.

La critique Osteopedia

Par Marco Chiera

Forces : bonne introduction sur le fascia et sur la mobilité rénale ; bonne description de la mise en place de l’étude et description des évaluations effectuées et des interventions utilisées ; résultats intéressants face à une intervention très courte (3 minutes et 30 secondes) ; analyse détaillée des limites de l’étude.

Limites : l’exécution du traitement sham sur une personne extérieure au monde de l’anatomie et de la thérapie manuelle pourrait influer l’issue induisant un effet nocebo (potentiellement, le toucher peut être ressenti comme « différent », peu fiable, par rapport à un toucher professionnel).

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