Maiwen Habchi
|
10/08/2022 - Dernière mise à jour 14/03/2023

Starr Matsushita, Bonnie Wong, Raghu Kanumalla and Leonard Goldstein | Année 2020

Traitement manipulateur ostéopathique et gestion psychosociale de dysménorrhée

Pathologie:

Dysménorrhée (douleurs menstruelles)

Type d'étude:

Étude de cas

Date de publication de la recherche:

01-07-2020

Image

But de l'étude

  • Objectif : reporter l’utilité du traitement manipulateur ostéopathique (OMT) associé à la gestion des facteurs psychosociaux chez une femme atteinte de dysménorrhée
  • Critères d’évaluation mesurés : compte-rendu des symptômes

Intervenants

  • Nombre: 1
  • Description : femme âgée de 32 ans, étudiante en médecine. Lors de la première visite, elle indique une douleur tellement forte au dos et aux hanches qu’elle l’empêche d’aller en cours. A la seconde visite, 3 semaines plus tard, elle signale la présence d’une dysménorrhée depuis 1 semaine.
    Elle décrit la dysménorrhée comme une douleur et une crampe atroce pouvant durer plusieurs heures par jour, jusqu’à 1 semaine, pendant la période prémenstruelle.
    Avant la dysménorrhée, l’antécédent gynécologique est normal : seule une simple douleur colique au cours des menstruations existe n’interférant cependant pas avec la vie quotidienne. La patiente n’a jamais eu de rapports sexuels et les résultats sont normaux aussi bien lors de l’examen pelvien qu’au Pap test. Les seules modifications du cycle sont celles dues à la douleur développée au cours de la dernière période.Au niveau familial, sa sœur aînée souffre pendant presque toute sa vie d’adulte de dysménorrhée de degré 3 résolue seulement par hystérectomie après une thérapie hormonale inefficace. La patiente ne reporte pas de traumatismes physiques, si ce n’est une élongation des adducteurs avant l’apparition des symptômes. Au niveau psychosocial, elle rapporte un stress lié aux examens de première année de médecine et, en raison de son caractère introverti, à sa cohabitation avec son colocataire pendant les 4 derniers mois.

    Une évaluation générale montre une perte d’appétit et des habitudes alimentaires inconsistantes. Aussi, des problèmes de céphalée, lombalgie, sautes d’humeur (irritation pour s’adresser aux autres), engourdissement au niveau de la poitrine, nausée, douleur abdominale diffuse, constipation et diarrhée pendant des périodes de dysménorrhée surviennent. Cependant, on ne constate pas de problème de ménorragie, oligoménorrhée, saignement pendant la période intermenstruelle, douleur pendant l’ovulation à la moitié du cycle, ballonnement, vomissement, dysurie, rétention urinaire, pertes ou irritations vaginales, ou difficulté à évacuer en raison d’une fonctionnalité anorectale altérée.
    Les examens cardiopulmonaires, neurologiques et abdominaux sont normaux. L’évaluation structurelle ostéopathique identifie d’importantes asymétries au niveau de l’articulation atlanto-occipitale, du rachis thoracique, du rachis lombaire, du sacrum et de la crête iliaque, notamment pendant la dysménorrhée. Aussi, l’impulsion rythmique crânienne se réduit et s’accompagne d’une hypertonicité des muscles sous-occipitaux.

Interventions et évaluations

  • 6 sessions d’OMT dans un laps de 5 mois
  • OMT : traitement personnalisé en fonction des dysfonctions somatiques relevées
  • Techniques de relâchement myofascial, strain-counterstrain, des tissus mous, à énergie musculaire, de relâchement sous-occipital, de relâchement du plexus abdominal, articulaires, d’équilibrage ligamentaire et d’équilibration membraneuse
  • Discussion des facteurs de stress psychosociaux et de la nécessité d’un apport calorique adéquat et de la réalisation d’une bonne activité physique aérobique. En conséquent, la patiente commence un parcours de méditation de pleine conscience (mindfulness) et de yoga hebdomadaire.

Résultats

Malgré la résolution de la douleur au dos et aux hanches 2 semaines après l’OMT, la dysménorrhée se poursuit pendant les 5 mois suivants, passant de degré 1 à 3 dans le courant de 3 mois pour ensuite régresser à la suite des traitements. Pendant cette période, les dysfonctions somatiques diminuent progressivement et la douleur s’atténue. Cette dernière s’apparente à une légère colique de 10-20 minutes pendant la période menstruelle.
Les 2 dernières sessions d’OMT se concentrent sur le relâchement des dysfonctions somatiques au niveau pelvien, notamment au niveau du diaphragme pelvien. La patiente finit d’ailleurs par décider de quitter sa collocation devenue trop stressante.

En fin de traitement, on a encore quelques migraines, un sentiment de fatigue et une saute d’humeur dans les jours suivant les menstruations – symptômes qui disparaissent toutefois au mois d’après.
Pendant le traitement, la patiente perd près de 5kg. Néanmoins, ses habitudes alimentaires se régularisent grâce au parcours de méditation entrepris, puisque le changement de son alimentation apparaît comme une conséquence du stress vécu.
Au bout d’un an, la patiente confirme la disparition de la dysménorrhée et la présence de légères douleurs habituelles au cours de la période menstruelle.

Commentaires

L’approche combiné de l’OMT et de la gestion du stress à une méditation annexe se montre en mesure d’influencer positivement un cadre de dysménorrhée particulièrement douloureux.
La dysménorrhée est très probablement due à la concomitance des dysfonctions somatiques au niveau pelvien et sacral avec des facteurs stressants générés par un changement de l’équilibre, de la fonctionnalité de l’axe de stress (hypothalamo-hypophyso-surrénalien) et du système nerveux autonome.

On relève ainsi un stress biomécanique, nerveux et mécanique sur l’utérus qui amène conséquemment des altérations du tonus musculaire et du flux sanguin utérin et, donc, de la dysménorrhée.
Il faut de futures études pour évaluer la réelle utilité d’une telle approche et, surtout, pour comprendre au maximum l’efficacité des seules modalités thérapeutiques utilisées.

La critique Osteopedia

Par Marco Chiera

Forces : description très détaillée du cas clinique ; l’étude montre l’importance d’une approche globale envers la condition pathologique et douloureuse et le rôle spécifique d’interventions variées (plus physique, dans ce cas, l’OMT, plus psychologique la méditation et la gestion du stress).

Limites: comme dans toute étude de cas, celle-ci pas généralisable ; bien que cela puisse être déduit d’après le compte-rendu, il n’est toutefois pas possible de définir clairement quelle intervention agit le plus sur X aspect, surtout que de nos jours nous avons de multiples preuves sur la manière dont les traitements physiques (ex :OMT) peuvent se répercuter sur le fonctionnement psychologique et, vice-versa, des traitements de gestion du stress pouvant se répercuter sur la fonctionnalité myofasciale et organique.

Vous êtes ostéopathe?

Inscrivez-vous et profitez des avantages de l'adhésion. Créez votre profil public et publiez vos études. C'est gratuit!

S'inscrire maintenant

Ecole ou organisme de formation?

Inscrivez-vous et profitez des avantages de l'adhésion. Créez votre profil public et publiez vos études. C'est gratuit!

S'inscrire maintenant

Vous souhaitez devenir ostéopathe? Êtes-vous étudiant?

Inscrivez-vous et profitez des avantages de l'adhésion. Créez votre profil public et publiez vos études. C'est gratuit!

S'inscrire maintenant