Maiwen Habchi
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09/08/2022 - Dernière mise à jour 14/03/2023
Chiara Arienti, Teresa Bosisio, Silvia Ratti, Rossella Miglioli, Stefano Negrini | Année 2018
Effet du traitement manipulateur ostéopathique sur le soulagement de la douleur et sur la qualité de vie chez les patients âgés atteints d’un cancer, une expérience clinique contrôlée non randomisée
Pathologie:
Néoplasie
Type d'étude:
Essai contrôlé non randomisé (comme étude pilote)
Date de publication de la recherche:
17-12-2018
But de l'étude
- Objectif : déterminer l’efficacité du traitement manipulateur ostéopathique (OMT) sur la douleur et la qualité de vie chez les patients gériatriques oncologiques hospitalisés
- Critères d’évaluation mesurés:
- Principal : changements de la douleur perçue mesurée par la Numeric Rating Scale (NRS)
- Secondaires : changements de la qualité de vie mesurée par les échelles Global Health Status (GHS), Financial Difficulty (FD) et Summary Score (SS) del questionario European Organization for Research and Treatment of Cancer (EORTC) Quality of Life Questionnaire Core 30 (QLQC30); effets indésirables
Intervenants
- Nombre : 23 personnes (14 femmes et 9 hommes)
- Critères d’inclusion : âge > 65 ans, patients oncologiques soumis à la chirurgie, pronostic de 6 à 24 mois, douleur chronique depuis au moins 3 mois avec une intensité majeure de 3 selon l’échelle NRS
- Critères d’exclusion : patients sous chimiothérapie ou radiothérapie au moment de l’étude, avec troubles mentaux (évalués selon le questionnaire Mini-Mental State Examination, ou MMSE, avec un score compris entre 10 et 20), infections, traitement anticoagulant, maladies cardiopulmonaires, conditions cliniques instables après la chirurgie
- Groupes d’étude : deux groupes non randomisés
- Groupe 1 : physiothérapie additionnée à l’OMT, 12 personnes (7 femmes et 5 hommes, moyenne d’âge 76,5 ans)
- Groupe 2 : physiothérapeute, 12 personnes (7 femmes et 4 hommes, moyenne d’âge 76,5 ans)
- 1 personne abandonne l’étude suite à la première intervention
- Principales tumeurs : colorectale, ostéosarcome, métastases osseuses de cancer du sein ou à la prostate, tumeurs rénales
- Au début de l’étude, le groupe 1 présente un niveau de douleur supérieur à celui du groupe 2 (6,08±3,40 par rapport à 3,36±2,20)
Interventions et évaluations
- Évaluation au début et à la fin (après 4 semaines) de l’étude de la qualité de vie par les échelles GHS, FD, SS du questionnaire QLQC30
- Évaluation au début de l’étude, après 1, 2 et 3 semaines et à la fin (après 4 semaines) de l’étude de la douleur par NRS
- Physiothérapie réalisée 1 fois par semaine par sessions de 30 minutes
- Sessions hebdomadaires d’OMT de 45 minutes
- Physiothérapie : en fonction des besoins des patients, mobilisations passives, exercices actifs assistés ou avec l’application de résistance, marche, facilitation proprioceptive neuromusculaire appliquée sur les articulations et sur les muscles endoloris
- OMT:
- Évaluation initiale par l’application des cinq modèles (biomécanique, neurologique, métabolique, respiratoire-circulaire et comportemental)
- Traitement : techniques sur les tissus mous au niveau cervical, dorsal et lombaire, soulèvement des côtes, relâchement myofascial abdominal, sur le dos et sacro-iliaque, relâchement de la musculature sous occipitale
- Le même ostéopathe, dont l’expérience clinique excède les 10 ans, réalise l’OMT
- Les patients peuvent utiliser des médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) si besoin
Résultats
- Critère d’évaluation principal : l’OMT associé à la physiothérapie arbore une réduction statistiquement significative de la douleur soit à la moitié de l’étude (après 2 semaines) soit à la fin de l’étude (après 4 semaines), tandis que le groupe contenant uniquement la physiothérapie constate une baisse statistiquement significative de la douleur uniquement à la fin de l’étude.
- Critères d’évaluation secondaires : l’OMT associé à la physiothérapie n’exprime pas d’amélioration dans la qualité de vie, bien que se dessine une tendance positive dans les échelles SS et GHS, se rapprochant de la significativité statistique (respectivement, p-value égale à 0,058 et 0,074) sans pour autant l’atteindre. Il semble par ailleurs qu’il y ait une dégradation dans l’échelle FD.
La physiothérapie expose en revanche une amélioration statistiquement significative dans chaque échelle SS et GHS, alors qu’elle ne provoque aucun changement dans l’échelle FD.
Malgré ces résultats au sein de chaque groupe, nous ne relevons pas de différences statistiquement significatives entre eux.
Il n’y a pas d’effet indésirable à la suite des interventions.
Commentaires
Que ce soit la physiothérapie ou l’OMT associé à cette première, ils montrent pouvoir réduire la douleur et améliorer la qualité de vie selon les échelles relatives à l’état de santé général.
Néanmoins, seul l’OMT indique une réduction de la douleur statistiquement significative après 2 semaines déjà, alors que la physiothérapie seule nous communique ce résultat uniquement à la fin des 4 semaines d’étude. Inversement, seulement la physiothérapie améliore de façon statistiquement significative la qualité de vie.
Les raisons d’une telle divergence sur la qualité de vie peuvent provenir de l’impertinence du QLQC30 dans une population de patients âgés qui pourraient rencontrer des difficultés dans le remplissage optimal du questionnaire, invalidant ainsi les résultats de l’étude.
D’autre part, le résultat positif de la douleur issu de l’OMT s’ajoute à ceux des autres études qui rapportent des effets similaires dans différentes conditions pathologiques. La raison peut se trouver dans l’approches corps-esprit et personnalisé qui dérive de l’application individualisée à chaque patient des principes définissant la pratique ostéopathique.
Étant donné la nature exploratrice de l’étude, les auteurs espèrent de plus grandes études où l’état de santé complexe des patients âgés est lui aussi évalué, peut-être à travers le Comprehensive Geriatric Assessment.
La critique Osteopedia
Par Marco Chiera
Forces : analyses statistiques appropriées (même si chaque test pouvait être choisi différemment), aussi face aux données manquantes pour le patient qui abandonne l’étude, et étant donné la considération de vouloir réduire le risque de faux négatif au vu de la nature exploratrice de l’étude.
Indépendamment des valeurs statistiques, la diminution de la douleur et l’augmentation de la qualité de vie semblent significatifs d’un point de vue clinique – baisse de 35% à 57% du score NRS et augmentation de 5-10 points dans les échelles de QLQC30 – et, pour autant, de prendre réellement en considération pour améliorer la politique sanitaire.
Limites: pour une meilleure interprétation des résultats il vaudrait peut-être mieux comparer seulement l’OMT à la physiothérapie, ou bien insérer 3 groupes (physiothérapie, OMT, physiothérapie additionnée à l’OMT) ; l’utilisation des AINS n’est pas prise en compte dans les analyses ; les différences dans la réduction de la douleur au bout de 2 semaines pourraient découler d’un niveau de douleur plus élevé dans le groupe 1.
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