Maiwen Habchi
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08/08/2022 - Dernière mise à jour 14/03/2023

Thu-Van Attali, Michel Bouchoucha, Robert Benamouz | Année 2014

Traitement du syndrome du côlon irritable par ostéopathie viscérale : résultats à court et long terme d’une étude randomisée

Pathologie:

Colon irritable et Colique

Type d'étude:

Essai contrôlé randomisé avec crossover (essai croisé)

Date de publication de la recherche:

14-12-2014

Image

But de l'étude

  • Objectif : déterminer l’efficacité de l’ostéopathie viscérale en cas de IBS réfractaire
  • Critères d’évaluation mesurés :
    • Principaux : symptômes de constipation, diarrhée, distension abdominale et douleur abdominale à travers VAS (Visual Analog Scale) et évaluation qualitative de la dépression, temps de transit intestinal total et colique, sensibilité rectale

Intervenants

  • Nombre : 31 personnes (23 femmes et 8 hommes, moyenne d’âge 50 ans)
  • Critères d’inclusion : adhésion volontaire de patients provenant de centres spécialisés présentant un diagnostic de IBS (selon les critères Roma III) considérés réfractaires, autrement dit ne démontrant pas d’améliorations malgré le recours à de nombreuses thérapies, y compris agressives, ou bien se montrant particulièrement insatisfaits de leur propre situation actuelle ; exclusion de maladies organiques
  • Groupes d’étude : deux groupes obtenus par randomisation
    • Groupe 1 : traitement fictif (sham) suivi de l’ostéopathie viscérale, 16 personnes
    • Groupe 2 : ostéopathie viscérale suivie d’un traitement sham, 15 personnes
    • ils présentent tous des symptômes dont la durée excède 3 mois par an et ce, depuis au moins 2 ans
    • une seule personne reçoit un traitement ostéopathique par le passé

Interventions et évaluations

  • Au commencement de l’étude, évaluation des symptômes à travers un questionnaire portant sur les troubles gastro-intestinaux fonctionnels comme défini par les critères Roma III;
  • au début de l’étude, après les 3 premières sessions et à la fin de l’étude les personnes sont examinées pour évaluer le temps de transit intestinal total et colique, la sensibilité rectale (manométrie ano-rectale) et l’intensité de la douleur selon l’échelle VAS dans 9 segments abdominaux;
  • pendant 12 semaines de l’étude et pendant un an après la dernière session, les personnes tiennent un journal de bord où noter l’intensité ou la gravité de la constipation, la diarrhée, la distension abdominale et la douleur abdominale, selon l’échelle VAS de 10 cm
  • 3 sessions d’ostéopathie viscérale et 3 sessions de traitement sham, toutes les 45 minutes et espacées à 2 semaines les unes des autres
    • Le groupe 1 reçoit d’abord les 3 sessions de traitement sham et ensuite les 3 sessions d’ostéopathie viscérale
    • Le groupe 2 reçoit d’abord les 3 sessions d’ostéopathie viscérale et ensuite les 3 sessions de traitement sham
  • Ostéopathie viscérale : techniques initiales globales sur l’abdomen, techniques locales sur la base de la sensibilité à la douleur des personnes, techniques crânio-sacrées
  • sham : techniques similaires à l’ostéopathie viscérale dans les mouvements, mais sans mobilisation des organes internes (en réalité, un massage superficiel)
  • tous les traitements sont réalisés par un seul ostéopathe expérimenté

Résultats

  • Critères d’évaluation primaires:: alors que le groupe 1 manifeste des améliorations statistiquement significatives dans la distension et la douleur abdominale avec le traitement sham, et dans la distension abdominale, douleur abdominale et diarrhée après l’ostéopathie viscérale, le groupe 2 présente des améliorations statistiquement significatives quant à la constipation, la diarrhée, la distension abdominale et la douleur abdominale seulement après l’ostéopathie viscérale (en réalité, le traitement sham à la suite du traitement ostéopathique n’amène pas d’améliorations ultérieures).Après la dernière session, les symptômes de diarrhée, distension et douleur abdominale diminuent de façon statistiquement significative, avec une baisse de la douleur dans 7 sur 9 segments abdominaux.
    Un an après la dernière session, les symptômes de diarrhée, distension et douleur abdominale se montrent inférieurs de façon statistiquement significative par rapport au début de l’étude. Alors que les symptômes de diarrhée, bien que plus faibles au début, n’atteignent pas la significativité statistique.

    On ne relève pas de différences quant aux symptômes de dépression avant et après l’étude.
    L’ostéopathie viscérale réduit de façon statistiquement significative la sensibilité rectale, à l’inverse du traitement sham, tandis qu’aucun des traitements ne parvient à réduire le temps de transit intestinal de façon importante.
    Les effets indésirables dus aux traitements ne sont pas reportés.

Commentaires

Par rapport au traitement sham, l’ostéopathie viscérale se montre en mesure de réduire les symptômes liés à la diarrhée, la distension abdominale et la douleur abdominale, même si elle n’a pas eu les mêmes répercussions sur les symptômes relatifs à la dépression caractérisant souvent ceux qui souffrent de IBS. Un an après la dernière session, seule la douleur abdominale demeure au même niveau atteint après la fin des traitements : les symptômes de distension abdominale, de diarrhée et surtout de constipation ont tendance à augmenter, même s’ils restent inférieurs par rapport au niveau prétraitement.

La réduction de la sensibilité rectale grâce à l’OMT est d’une importance capitale puisque l’IBS semble se distinguer par une haute hypersensibilité viscérale, d’autant plus que la sensibilité rectale est considérée comme un moyen pour discriminer l’IBS des autres maladies gastro-intestinales. L’OMT pourrait agir sur la sensibilité rectale grâce aux stimulations directes aux fibres nerveuses afférentes et automatiques, bien que la question requière des études plus approfondies.

Par contre, il semble que le temps de transit intestinal ne soit pas un paramètre utile dans l’évaluation de la gravité de l’IBS. Il ne semble pas non plus varier comparativement à la normalité, si ce n’est dans les cas particulièrement graves.

À partir d’une brève analyse, il semble que les patients ne réussissent pas à distinguer l’OMT du traitement sham, bien que quelques-uns relèvent des différences : certains disent même préférer le traitement sham car moins douloureux.

La critique Osteopedia

Par Marco Chiera

Forces: évaluations à court et long terme rapportent l’utilité de l’ostéopathie viscérale dans le cas de l’IBS réfractaire ; on structure le traitement sham afin qu’il soit vraiment similaire au traitement ostéopathique ; les auteurs, à travers les résultats obtenus, rassemblent des données utiles pour calculer la taille de l’échantillon pour les futures études sur le traitement ostéopathique et l’IBS ; les auteurs insistent sur l’importance de structurer correctement un traitement sham et le recours aux questionnaires pour demander aux sujets recrutés comment ils évaluent les traitements reçus afin de comprendre s’ils demeurent « aveugles » face à ces derniers ou perçoivent lequel ils ont reçu.

Limites: l’échantillon étudié est petit et avoir mesuré plusieurs critères d’évaluation différents peut impacter la fiabilité des conclusions tirées (en statistiques, plus on fait de tests plus la possibilité de trouver un résultat est grande) ; malgré la nature exploratrice de l’étude, il serait bien de définir un critère d’évaluation principal spécifique avec des retombées cliniques et de le présenter de manière appropriée au début de l’article.

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