Maiwen Habchi
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23/06/2022 - Dernière mise à jour 14/03/2023
Frederico de Oliveira Meirelles, Júlio César de Oliveira Muniz Cunha, Elirez Bezerra da Silva | Année 2020
OMT contre exercices thérapeutiques chez les patients avec lombalgie chronique spécifique : essai randomisé contrôlé et en double-aveugle
Pathologie:
Lombalgie chronique non spécifique
Type d'étude:
Essai contrôlé randomisé
Date de publication de la recherche:
21-05-2020
But de l'étude
- Objectif : déterminer l’efficacité du traitement manipulateur ostéopathique (OMT) en cas de lombalgie chronique non spécifique
- Critères d’évaluation mesurés :
- Principal : douleur par Visual Analog Scale (VAS) allant de 0 à 100mm
- Secondaires : handicap par Oswestry Disability Index 2.0 (ODI), peur du mouvement par Tampa Scale of Kinesiophobia (TSK) et dépression par Beck Depression Scale (BDS)
Intervenants
- Nombre : 38 personnes (28 femmes et 10 hommes)
- Critères d’inclusion : âgés de 30 à 59 ans, diagnostic de lombalgie chronique non spécifique avec douleur lombaire intermittente ou persistante avec une intensité majeure de 30mm sur VAS pendant au moins 3 mois
- Critères d’exclusion : fractures ou dislocations de la colonne vertébrale, ruptures des ligaments, ruptures musculaires, lacération cutanée, sacro-iliite, ostéomyélite vertébrale, infections, hernie discale avec symptômes radiculaires, troubles radiculaires, syndrome de la queue de cheval, tumeurs, douleur référée viscérale, drapeaux rouges pour la lombalgie, différence de longueur entre les deux membres inférieurs supérieure à 20mm
- Groupes d’étude : 2 groupes obtenus par randomisation
- Groupe 1 : OMT, 20 personnes (16 femmes et 4 hommes, moyenne d’âge 46 ans)
- Groupe 2 : exercice physique, 18 personnes (122 femmes et 6 hommes, moyenne d’âge 50,1 ans)
Interventions et évaluations
- Évaluation au début de l’étude et après la dernière intervention de la douleur par VAS, du handicap par ODI, de la peur du mouvement par TSK et de la dépression par BDS
- Évaluation du niveau habituel d’activité physique au début de l’étude par questionnaire Baecke
- 5 sessions hebdomadaires d’OMT de 30-45 minutes et 10 sessions d’exercice physique deux fois par semaine
- OMT : techniques articulaires et myofasciales
- Exercice physique : exercices thérapeutiques pour la lombalgie
- OMT réalisé par un physiothérapeute diplômé en ostéopathie
- Exercice physique réalisé par trois étudiants en physiothérapie formés et supervisés par un physiothérapeute confirmé
- On demande aux personnes de ne pas se soumettre à la physiothérapie, ni prendre de médicaments, ni suivre d’autres traitements pendant l’étude
- À chaque visite, le praticien cherche à savoir si la personne respecte cette indication : dans le cas contraire, elle est exclue de l’étude
Résultats
- Critères d’évaluation principaux : après l’intervention, chaque groupe constate que le niveau de douleur mesuré par VAS régresse de façon statistiquement significative par rapport au début de l’étude. Le groupe OMT assiste à une baisse statistiquement significative nettement plus forte comparativement au groupe avec exercice physique (-49mm contre -18mm)
- Critères d’évaluation secondaires: chaque groupe remarque une réduction statistiquement significative du niveau de handicap mesuré par ODI comparativement au début de l’étude. Le groupe OMT voit une diminution statistiquement significative et nettement supérieure à celle du groupe avec exercice physique (-10 contre -4). Quant à la dépression mesurée par BDS, les groupes ne présentent pas de différences statistiquement significatives même si par rapport au début de l’étude, la dépression décroît de façon statistiquement significative dans le groupe OMT. Comme pour la dépression, on obtient le même résultat quant à la peur du mouvement mesurée par TSK
- Analyses ultérieures : la réduction de la douleur est positivement corrélée, et de façon statistiquement significative, à la chute du handicap (association forte), de la peur du mouvement (association modérée) et de la dépression (association modérée)
Commentaires
L’OMT est en mesure de décroître de manière conséquente aussi bien la douleur issue de la lombalgie chronique non spécifique que d’autres paramètres liés à la lombalgie tels que le handicap, la peur du mouvement et la dépression. A l’inverse, l’exercice physique induit des effets mineurs par rapport à l’OMT, voire inexistants pour la peur du mouvement et la dépression.
Les effets que l’OMT a sur la douleur semblent se répercuter positivement sur les autres critères, évènement pointant du doigt l’importance de la considération des personnes et des conditions pathologiques d’un point de vue biopsychosociale.
Les effets positifs de l’OMT peuvent être dus à la réduction des tensions musculaires et à l’amélioration de la mobilité articulaire, procurant une plus grande facilité de mouvement et, donc, une moindre peur, handicap et dépression.
Les auteurs espèrent que cette étude favorise la diffusion du recours à l’ostéopathie dans la mesure où le traitement est peu coûteux et sans effet collatéral.
La critique Osteopedia
Par Marco Chiera
Forces: calcul de la taille d’échantillon (combien de personnes recruter) ; les praticiens cherchent à s’assurer que les personnes recrutées ne suivent pas d’autres thérapies ; OMT comparé à l’exercice physique, thérapie habituellement considérée en première ligne en cas de lombalgie (les thérapies manuelles sont habituellement considérées interventions additionnelles de seconde rang) ; résultats « complets », de la douleur à l’humeur ; bonne discussion des études passées avec résultats en adéquation ou discordants par rapport à l’étude actuelle.
Limites: un physiothérapeute effectue l’OMT alors que des étudiants s’occupent de l’exercice physique; dans l’introduction la raison pour laquelle on choisit d’évaluer également l’association entre lombalgie chronique et dépression n’est pas clairement énoncée ; quelques critères d’exclusion ne le sont pas nécessairement (il ne semble pas y avoir de corrélation particulière entre la différence dans la longueur des membres inférieurs et la lombalgie) ; absence de follow-up pour visualiser les résultats à long terme ; il manque une évaluation adéquate des limites de l’étude ; on n’évalue pas les éventuels effets collatéraux.
Les données hypothétiques pour le calcul de la taille d’échantillon ne sont pas consistantes avec les résultats de l’étude, entachant la puissance de l’étude (la capacité à trouver un effet qui effectivement existe) : même si on exécute un calcul a posteriori de la puissance, cette pratique est considérée circulaire et peu informative (autrement dit, en l’absence d’un résultat la puissance se montre normalement basse alors qu’en présence d’un résultat la puissance s’avère normalement haute).
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