Francesca Galiano
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23/06/2022 - Dernière mise à jour 03/01/2023
de Joanna L. Kramer, Kathleen De Asis | Année 2021
Interventions ostéopathiques via la télémédecine dans une population pédiatrique : une étude rétrospective des cas individuels
Portée:
Douleur dans la population pédiatrique
Type d'étude:
étude rétrospective des cas individuels
Date de publication de la recherche:
19-08-2021
But de l'étude
- Objectif : rapporter l’expérience d’un pédiatre ostéopathe dans l’enseignement de techniques simplifiées de traitement manipulateur ostéopathique (OMT) aux parents (aide-soignant) à réaliser sur les enfants à travers la télémédecine
- Critères d’évaluation mesurés :
- Principal : douleur
- Secondaires : effets indésirables et satisfaction des patients
Intervenants
- Nombre : 18 personnes
- Critères d’inclusion : familles ayant des enfants ou des jeunes, suivies depuis longtemps par un pédiatre ostéopathe spécifique, qui décident de transformer leur rendez-vous en visite de télémédecine
- Groupe d’étude : un seul groupe
- Groupe 1 : 18 personnes (12 jeunes filles et 6 jeunes garçons, moyenne d’âge 13.6 ans avec une étendue de 6 mois à 19 ans)
Interventions et évaluations
- 54 visites de télémédecine au total (3 en moyenne, avec une étendue de 1 à 9) de 30 minutes par visite
- pendant ces visites, les parents (ou aide-soignant) exécutent des techniques simplifiées d’ostéopathie que le pédiatre ostéopathe décrit oralement et montre par vidéo (également assisté de ses étudiants). Le pédiatre donne des instructions sur comment positionner les patients, positionner les mains, percevoir les changements dans la palpation et exécuter les techniques
- évaluation de la douleur à travers l’échelle Wong-Baker FACES pour les enfants/jeunes enfants ayant plus de 3 ans
- la satisfaction des parents ou de l’aide-soignant est recueillie à travers un questionnaire anonyme rempli sur la base du volontariat
Résultats
- Critère d’évaluation principal : la douleur post-traitement (2,57 ± 2,58) ressort de façon statistiquement significative comme inférieure à celle prétraitement (6,77 ± 2,07). La baisse de la douleur à travers la télémédecine (4,20 ± 3,42) se trouve comparable à celle obtenue chez les patients dans les dernières visites dites « physiques » (3,32 ± 2,61).
Les techniques simplifiées suivant de l’OMT ont été utilisées :
-
- dans 29,7% des cas, techniques d’inhibition
- dans 28,8%, techniques sur les tissus mous
- dans 17,7%, techniques de counterstrain
- dans 14,3%, techniques de relâchement myofascial
- dans 5,9%, techniques myotensives
- dans 2,7%, techniques articulaires
- dans 0,9%, techniques d’équilibrage ligamentaire
Avec ces techniques, les douleurs suivantes ont été traitées :
-
- dans 26,3% des cas, mal de dos
- dans 23,7%, cervicalgie
- dans 14,4%, mal de tête
- dans 13,6%, douleurs aux bras
- dans 12,7%, douleurs aux jambes
- dans 5,9%, douleurs à l’abdomen
- dans 2,5%, douleurs aux hanches
- dans 0,8%, douleurs aux côtes
- Critères d’évaluation secondaires : on ne reporte pas de graves effets indésirables. Seulement 4 personnes pendant 5 des 54 visites rapportent une légère aggravation de la douleur pendant les visites, aggravation qui, dans tous les cas, disparaît le jour-même de la visite.
5 questionnaires de satisfaction sont complétés et témoignent d’une plus grande confiance dans l’usage des techniques ostéopathiques de la part des parents ou de l’aide-soignant, bien que la préférence reste les rendez-vous « physiques » et non la télémédecine.
Commentaires
La « téléostéopathie » se révèle en mesure d’améliorer la perception de la douleur dans la population pédiatrique. En l’occurrence, l’étude montre qu’il est possible pour l’ostéopathe de guider les parents dans la réalisation de techniques simples sur leurs propres enfants, sans engendrer d’effets indésirables mais au contraire de très bons résultats.
Les effets indésirables rapportés sont supérieurs à ceux rapportés au cours des visites physiques (9,3% vs 2,5%), mais ceci peut être dû à la mauvaise exécution d’une technique. Cependant, le fait que tous les effets indésirables disparaissent dans la journée penche en faveur de la télémédecine.
Dans les questionnaires d’évaluation, les familles apprécient particulièrement la possibilité de réaliser les soins de façon sûre (soit d’éviter le risque de contagion du Covid-19). A ce propos, il est intéressant de s’arrêter sur la volonté de certaines familles de poursuivre les visites en télémédecine et non physiques.
De façon non pragmatique, mettre à profit la télémédecine permet non seulement aux patients d’être constamment suivis, mais également aux thérapeutes de travailler (et donc percevoir un salaire) dans des situations où, comme durant la pandémie, travailler en « face à face » est impossible.
La critique Osteopedia
Par Marco Chiera
Forces : l’étude montre comment de simples techniques ostéopathiques peuvent être enseignées à distance, de façon à ce que les patients puissent les utiliser si besoin est, et prendre soin de leurs proches et d’eux-mêmes. En procédant ainsi, on évite que les personnes ne reçoivent les soins adéquats ou ne tardent à les recevoir quand il est impossible de se rendre chez l’ostéopathe, pour cause d’imprévus, maladies ou comme ce fut le cas pendant la pandémie.
Dans les situations où l’ostéopathe ne peut traiter directement les patients, savoir que certaines techniques peuvent être enseignées à distance est une ressource fondamentale, surtout aujourd’hui que la technologie permet d’atteindre tous les endroits (ou presque) et se développe de plus en plus. Il suffit de penser à l’essor de la réalité virtuelle et de l’implantation des thérapeutes virtuels qui assistent les personnes dans leur soin : ce phénomène, qui pendant des années a été l’apanage de la psychologie, devient quelque chose pouvant impliquer les disciplines comme l’ostéopathie, avec les études comme celle-ci.
Et inversement, cette étude démontre comment l’évolution technologique peut être fondamentale pour l’enseignement.
Limites: la façon dont les effets indésirables sont définis et recueillis n’est pas spécifiée ; le questionnaire de satisfaction, étant complété sur la base du volontariat, favorise le risque de biais (ex : seules les personnes satisfaites le remplissent) ; seules les familles qui connaissent l’ostéopathie depuis longtemps et s’attendant donc à des résultats positifs sont impliquées dans l’étude (effet placebo). D’autant plus que le petit échantillon ne permet pas une généralisation des résultats.
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