
Francesca Galiano
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26/09/2023 - Dernière mise à jour 13/10/2023
Mikhail Volokitin, Asad Sheikh, Sapan Patel, Susan Milani, Mary Banihashem | Année 2020
Traiter la paralysie de Bell avec OMT : une étude de cas
Pathologie:
Paralysie de Bell
Type d'étude:
Étude de cas
Date de publication de la recherche:
22-10-2020

But de l'étude
- Objectif : démontrer l’utilité de l’OMT en cas de paralysie de Bell
- Critères d’évaluation mesurés : évaluation des symptômes et de la fonctionnalité du nerf facial par H-B scale (House-Brackmann)
Intervenants
- Nombre : 1
- Description : femme, 32 ans, afro-américaine. Elle souffre depuis 3 mois de faiblesse faciale sur le côté droit avec incapacité de fermer l’oeil, sécheresse et larmoiement continu de l’oeil droit. Il n’y a pas de douleur mais elle a du mal à réaliser les activités quotidiennes : mâcher, garder la nourriture en bouche, perte de salive sur le côté droit de la bouche, incapacité à fermer l’oeil droit pendant la douche et la nuit. Elle devient plus sensible au son et moins sensible au goût.
La patiente souffre d’anxiété et d’insomnie suite à la perte de son père, des difficultés au travail (télémarketing et chauffeur co-voiturage) et de l’absence de résultats positifs sur sa santé quant aux différentes thérapies (12 séances d’acupuncture, gouttes lubrifiantes pour les yeux, ibuprofène et prednisone).
L’évaluation physique démontre des glandes salivaires (parotides, sublinguales et sous-mandibulaires) enflées à droite, avec ganglions lymphatiques devant l’oreille et derrière l’oreille et cervicaux gonflés et douloureux. On relève aussi des reins en fer à cheval, ganglions lymphatiques inguinaux enflés bilatéralement et douleur dans chaque quadrant inférieur de l’abdomen avec motilité gastro-intestinale réduite.
L’évaluation ostéopathique relève une douleur dans les muscles facial, sous-occipital, fléchisseur et extenseur cervical, sternocléidomastoïdien, trapèze, élévateur de la scapula et scalène droite. Le ROM (range of motion) du sternum et des côtes 2-5 après expiration et de l’articulation sacro-iliaque gauche sont réduits. L’hémidiaphragme droit est réduit. Plusieurs dysfonctionnements somatiques apparaissent au niveau du crâne jusqu’au diaphragme thoracique, avec hanches et bassin. L’échelle H-B démontre un degré V sévère de la fonctionnalité du nerf facial.
À ce stade, on réalise sur la base des symptômes un diagnostic de paralysie de Bell ou paralysie idiopathique du nerf facial, avec éventuelle lésion distale au ganglion géniculé en raison du larmoiement. On suspecte une lésion atonale car les symptômes ne diminuent pas pendant 3 mois.
On évalue la possibilité d’une électromyographie à la fin des traitements afin de vérifier les dommages et une éventuelle atrophie du nerf facial
Interventions et évaluations
- Évaluation des symptômes et de la fonctionnalité du nerf facial par H-B scale
- 3 séances d’OMT (2 hebdomadaires et 1 au bout de deux semaines)
- OMT :
- techniques pour résoudre les dysfonctionnements somatiques apparus : techniques lymphatiques : relâchement du conduit thoracique supérieur, du sternum et du diaphragme ; techniques de relâchement myofascial, counterstrain, techniques des tissus mous, techniques myotensives, soulèvement des côtes et équilibrage des tensions ligamentaires ;
- techniques pour résoudre la restriction structurelle du nerf facial : relâchement du condyle occipital, décompression de la suture occipito-mastoïdienne, temporal rocking
- Apprentissage d’exercices de méditation et de relaxation à la patiente pour gérer le stress
Résultats
Les symptômes commencent à s’améliorer une semaine après le premier traitement (pourtant, on ne fait aucun guidage électromyographique). Après le deuxième traitement, les symptômes diminuent par la suite (la patiente commence à pouvoir fermer l’oeil et sa bouche est plus symétrique), avec l’échelle H-B qui reporte un degré III sévère de la fonctionnalité du nerf facial – gravité qui descend au degré II après le troisième traitement. À ce stade, bien que le rétablissement ne soit pas total, le pronostic est plutôt favorable.
Commentaires
L’ostéopathie se montre en capacité de résoudre un cas de paralysie de Bell grâce à son approche globale, biomécanique, neurologique et psychosociale, contrairement une approche séquentielle d’essais et erreur comme le recommandent plusieurs communautés médicales.
D’ailleurs, les techniques pour réduire l’éventuelle compression subie par le nerf facial sont importantes – qui, au vu des résultats obtenus, peut être considéré non comme lésé mais plutôt « piégé » : dans le cas inverse, il aurait fallu plus de temps pour récupérer car le nerf aurait eu besoin de se régénérer – et pour stimuler le flux lymphatique à travers les ganglions lymphatiques de manière à drainer l’inflammation par le système lymphatique et favoriser la guérison.
Lorsqu’un ostéopathe rencontre un patient, dont on suspecte un diagnostic de paralysie de Bell, l’attention du premier se porte sur l’ensemble des symptômes afin de bien localiser la lésion. De plus, l’ostéopathe doit évaluer les anormalités structurelles suivantes : dure-mère (fosse crânienne postérieure, tente du cervelet, C1-C2), partie piétreuse de l’os temporal, méat acoustique interne, suture occipital-mastoïdienne, condyles occipitaux, symphyse sphénobasilaire et articulation temporomandibulaire.
La critique Osteopedia
Par Marco Chiera
Forces : une des rares études sur l’OMT et la paralysie de Bell ; l’étude reporte la résolution d’une paralysie de Bell par l’OMT et la gestion du stress (action intégrée), après l’échec d’autres thérapies ; flow-chart qui reporte le développement de la paralysie de Bell dans les différentes séances ostéopathiques ; bonne description de l’examen ostéopathique ; bonne discussion et vade-mecum utile à la fin.
Limites: comme toute étude de cas, celle-ci est difficilement généralisable ; les techniques ostéopathiques utilisées et les conseils donnés devraient être insérés avant la discussion, dans la présentation du cas et du plan de traitement afin de donner tout de suite une vision complète de l’intervention ; il manque des détails sur les exercices conseillés ; on ne comprend pas clairement l’impact de l’OMT et des exercices dans le rétablissement de la patiente.

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