Maiwen Habchi
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27/09/2022 - Dernière mise à jour 14/03/2023

David B. Fuller | Année 2020

Approche ostéopathique chez un patient atteint de névralgie ilio-hypogastrique idiopathique

Pathologie:

Névralgie ilio-hypogastrique idiopathique

Type d'étude:

Étude de cas

Date de publication de la recherche:

01-12-2020

Image

But de l'étude

  • Objectif : reporter l’effet du traitement manipulateur ostéopathique (OMT) chez un patient atteint de névralgie ilio-hypogastrique idiopathique
  • Critères d’évaluation mesurés : compte-rendu des symptômes

Intervenants

  • Nombre: 1
  • Description : femme âgée de 72 ans atteinte de douleur abdominale en bas à droite, sévère et brûlante, perdurant depuis 2 ans avec étiologie inconnue (en dépit de divers traitement médicaux, gastroentérologiques, gynécologiques et chirurgicaux). La douleur apparaît de façon aléatoire, la réveille pendant la nuit et se résume à des crises de 20-60 minutes. La douleur ne dépasse jamais la moyenne et survient rarement à la crête iliaque. La zone abdominale antérieure ne procure pas de douleur au toucher.
    Échographies normales au niveau du bassin, stéatose hépatique et possible diverticulite relevées par tomodensitométrie, coloscopie normale, légère latéralisation de la courbe lombaire (convexe à gauche) avec pincement discal.

4 mois après la visite elle se soumet à une laparoscopie exploratoire et à une appendicectomie allégeant les symptômes pendant 2 mois ; mais la douleur finit par revenir plus forte qu’au moment précédant l’opération. L’antécédent médical inclut un léger AVC survenu 10 ans plus tôt (n’ayant pas laissé de trace), hypertension, hyperlipidémie, glaucome à angle étroit, reflux gastro-œsophagien, masse bénigne au niveau du sein (contrôlée par biopsie), lésion à la coiffe des rotateurs (avec chirurgie de réparation), cataracte (avec interventions d’extraction et implant de lentilles), dégénération maculaire et ostéopénie. A quelques occasions elle souffre de lombalgie, mais pas dernièrement.

Au moment de la visite, la patiente prend du ramipril, ésoméprazole, hydrochlorothiazide, naproxène, atorvastatine, hyoscyamine, aspirine à faible dose. Lors de l’examen la patiente semble en bonne santé et en forme, avec une respiration calme. Les tests neurologiques et musculosquelettiques se situent eux aussi dans la norme. L’évaluation ostéopathique rapporte une réduction de la mobilité lombaire, rotation antérieure de la hanche, sacrum étendu bilatéralement, psoas restreints bilatéralement et restriction fasciale de l’abdomen inférieur droit et dans la ligne médiane. Dès lors on définit un éventuel diagnostic de névralgie ilio-hypogastrique droite incluant des dysfonctions somatiques lombaires, pelviennes, sacrales et des membres intérieurs.

Interventions et évaluations

  • Plusieurs sessions d’OMT (20 traitements en tout distribués approximativement : 2 espacés d’une semaine, puis toutes les deux semaines pendant presque 3 mois, puis mensuels pendant 5 mois, puis 1 fois au bout de 3 mois, enfin 2 semestriels)
  • OMT personnalisé avec techniques d’équilibrage ligamentaire, sur les ligaments articulaires, de relâchement myofascial, à énergie musculaire et le marteau (ou percuteur) de Fulford
  • Exercices à réaliser à domicile concernant la rotation pelvienne et les muscles psoas et abducteurs de la cuisse
  • Supplémentation d’acide alpha-lipoïque (200mg par jour) pour la névralgie
  • Semelle au pied droit

Résultats

1 semaine après la première visite, la douleur abdominale se résorbe et les dysfonctions somatiques démontrent une asymétrie plus faible.

Dans les 3 mois qui suivent (donc 10 traitements), les symptômes poursuivent leur amélioration : concrètement, le temps où la patiente ne ressent pas de douleur est prédominant à mesure que les interventions d’OMT se multiplient. A savoir que la douleur s’affaiblit et demeure dans l’abdomen une sorte de légère paresthésie.

Après 2 semaines – au cours desquelles où elle passe beaucoup de temps debout – la patiente se plaint d’une détérioration de la douleur abdominale Suite à quoi, on lui prescrit une semelle pour le pied gauche puisque la radiographie atteste d’un dénivelé sacral (« syndrome de la jambe courte »). N’utilisant pas initialement la semelle, s’ensuit immédiatement une douleur irradiante au niveau postérieur de la cuisse droite et latéralement au genou, douleur due à des changements dégénératifs au niveau lombaire. Cependant la situation commence à évoluer positivement quand elle commence à utiliser ladite semelle.

Les interventions suivantes d’OMT mènent à la résolution quasi complète de la douleur abdominale, dans la mesure où l’épaisseur de la semelle augmente puisque demeure une certaine asymétrie pelvienne.
En dépit d’une fracture à la hanche pour laquelle elle doit endosser un mobilisateur pour la hanche, la douleur à l’abdomen revient temporairement avec une modification de l’allure.

Par la suite la patiente déclare aller bien, hormis les rares occasions où elle ne porte pas la semelle pendant 1-2 jours.

Commentaires

L’OMT montre pouvoir agir rapidement sur une douleur très probablement due à des altérations myofasciales au niveau de la crête iliaque et de l’abdomen bas (dans le courant de 6 sessions, la douleur décroît de 80%).

Il est probable que la patiente présente un syndrome de double compression (double crush syndrome), soit plusieurs points dans lesquels les nerfs dérivants des segments T12-L2 finiraient compressés. Cela expliquerait les divers symptômes qui émergent dans le temps, symptômes également fonction de la variation de la posture.

La critique Osteopedia

Par Marco Chiera

Forces : description très précise de l’antécédent médical, des résultats des évaluations physiques et ostéopathiques, du traitement et de l’évolution de la condition au cours du temps.

Limites : même si l’OMT influence initialement positivement la douleur, il est par la suite difficile de déterminer si la contribution provient essentiellement de l’OMT ou de la semelle (le doute découle de l’aggravation de la douleur lorsqu’elle ne porte pas la semelle pendant 1 ou 2 jours). Mais il n’est pas impossible qu’en cas d’OMT fréquent le traitement soit suffisant pour résoudre la douleur alors que si on espace l’OMT dans le temps la semelle prendrait le dessus. Il serait intéressant d’avoir une discussion des études évaluant l’efficacité, en cas de « syndrome de la jambe courte », d’interventions manuelles, exercices et semelle puisque le « syndrome de la jambe courte » vient souvent dépeint comme cause de la douleur lombaire ou sciatalgie, et pourtant plusieurs études montrent l’absence de corrélation entre cette condition et la douleur.

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